Le carnage sur nos routes continue dans une totale indifférence. Seul point qui change dans cette hécatombe : le nombre de morts et de blessés en constante hausse. En l'espace de 24 heures, plus de 20 morts ont été enregistrés à travers le territoire national. Et comme à l'habitude, ce sont les transporteurs de voyageurs ou de marchandises qui sont à l'origine de ces drames. Le bilan annuel, qui affiche plus de 4000 morts sans compter le nombre effarant de blessés, ne semble pas atteindre la conscience des législateurs et autres responsables de la réglementation routière. Pour l'heure, le temps est encore au discours et aux promesses sans lendemain. Un rituel qui réapparaît à l'occasion de chaque catastrophe qui décime des familles entières. Le drame est souvent insurmontable, au point qu'il devient indécent d'évaluer ces accidents et leurs conséquences en termes de pertes matérielles et financières. Il en est ainsi de la mesure préconisée dans le transport de voyageurs, prévoyant l'obligation de la présence de deux chauffeurs dans chaque bus, afin de pouvoir se relayer sur les longs trajets, comme il est aussi question de l'équipement des poids lourds d'un chronotachygraphe, communément appelé «mouchard», un outil simple mais capable de retracer tout le parcours du camion pour mieux contrôler le comportement du chauffeur, notamment le respect de la vitesse et des heures de repos requis lors des longs déplacements. Au lieu de briser cette spirale infernale en précipitant l'entrée en vigueur de ces dispositions et bien d'autres allant dans le même sens, les pouvoirs publics se perdent en conjonctures et placent le débat sur l'opportunité du permis à points ou, pis encore, sur la nécessité d'augmenter les tarifs du contrôle automobile et autres vignettes y afférentes. L'esprit mercantile qui domine la gestion de la circulation routière encourage la répression au détriment de la prévention. Cette conception des choses est largement traduite dans les nouvelles dispositions et tarifications des infractions routières contenues dans les textes de l'année en cours. C'est dire que, pour le moment, la vie du citoyen importe peu devant la récolte des amendes. Elle est au mieux une simple statistique à manipuler et au gré de la situation dans le bilan de fin d'année. Faut-il alors un autre drame pour secouer une fois de plus les consciences ?