Les walis qui se sont succédé ont échoué face à «la mafia du LSP». Kamel Abbès ira-t-il au bout de ses menaces ? A Constantine, le secteur du logement met dans l'embarras les autorités locales, notamment en raison des conséquences de l'échec de la formule LSP. Découvrant l'anarchie, lors de sa visite hier à plusieurs projets de logements à Ali Mendjeli, Kamel Abbes, wali de Constantine, n'a pas hésité à menacer certains promoteurs de prendre des mesures fermes à leur encontre. Il a estimé que leur manière d'agir et le non-respect des délais pénalisent la population et la poussent à protester devant son cabinet. Sa réaction est due au constat des retards qui dépassent dans certains cas les dix ans, et des aberrations qui caractérisent les différents segments de logements. Kamel Abbès a pris la mesure de la situation en visitant des «points noirs» du LSP et a instruit l'administration à établir des mises en demeure à certains promoteurs et à déterminer de nouveaux délais pour autres. «Nous allons prendre des mesures fermes, conformément aux lois, si ces promoteurs ne respectent pas leurs engagements vis-à-vis de l'Etat et des souscripteurs», a déclaré le wali. Le premier à goûter à la colère du wali était le promoteur Yakhlef, en charge du projet de 434 logements LSP, dont le taux des travaux s'est arrêté à 95%. Kamel Abbès a affirmé devant les malheureux souscripteurs que le promoteur est soumis à achever le tertiaire des travaux de VRD comme l'indique le cahier des charges. «Nous allons établir demain (aujourd'hui, ndlr) un planning de ce qui reste à réaliser et déterminer des délais d'achèvement des travaux de VRD, qui ne dépasseront pas les 4 mois», a-t-il déclaré. Face au promoteur Naceri, tristement célèbre pour avoir fait souffrir un millier de souscripteurs dans un projet LSP qui date de dix ans, le wali a été plus ferme, soutenu par son secrétaire général qui a dévoilé les intentions mercantilistes du promoteur. Chargé de la réalisation de 386 lgts LSP depuis 2012, Naceri aurait causé ce retard sciemment afin de soustraire le projet à la formule publique pour ériger une cité promotionnelle. De cette manière, il gagne sur les avantages et les abattements concédés par l'Etat pour vendre des appartements au prix du marché. Un niet catégorique lui a été opposé hier par Kamel Abbès, qui lui a donné un délai d'un mois pour démarrer le projet initial. Le wali fustige la DUC En ce qui concerne le projet de 1000 logements à l'UV 15 du promoteur Benhamadi (ex-Batigec), M. Abbès a demandé au directeur de cette entreprise de livrer le projet dans 18 mois au plus tard. «Le promoteur doit prendre toutes ses responsabilités, étant donné qu'il a acheté l'actif et le passif de Batigec», a-t-il souligné. Pour les autres programmes participatifs, le chef de l'exécutif a appelé les promoteurs à renforcer les chantiers afin de livrer les projets rapidement et ne pas mettre la vie des citoyens en danger, comme c'est le cas aux 108 logements LPA à l'UV02. Dans certains cas, les promoteurs ne sont pas seuls à blâmer. Certains ont dénoncé, à l'occasion, le fait qu'ils ne détiennent pas encore les contrats des projets. Lors de sa visite au projet de 774 logements publics aidés (LPA) dans l'extension ouest de la ville Ali Mendjeli, dont le taux d'avancement a atteint 44%, le wali a fustigé les services de la direction de l'urbanisme et de la construction. Ces derniers, ayant mal interprété les dernières instructions ministérielles à propos des travaux VRD, ont stoppé plusieurs projets, particulièrement ceux lancés par l'OPGI. Le directeur de la DUC a expliqué que la tutelle a donné des instructions pour que l'OPGI se charge des différents projets de VRD de ses logements. «Vous êtes en charge de tous les travaux de VRD dans tous les projets de logements sociaux ou participatifs déjà lancés dans la wilaya», a-t-il dit, à bout de nerfs.