Au terme d'une procédure tumultueuse d'octroi de marchés publics, le mégaprojet d'autoroute reliant le vaste territoire algérien de l'est à l'ouest peut enfin démarrer. Les entreprises chinoises et japonaises adjudicatrices sont en possession des ordres de service qui leur intiment officiellement l'ordre d'entamer les travaux de deux fois trois voies sur une longueur totale de 1220 km qui coûteront quelque 13 milliards de dollars à l'Algérie. Il s'agit des groupes chinois CRCC et CITIC chargés respectivement de la réalisation de la voie centrale (170 km) reliant Bordj Bou Arréridj à Chlef et celle beaucoup plus longue (360 km) allant de Chlef à Maghnia. L'entreprise japonaise COJAL, adjudicatrice du second lot, réalisera quant à elle les 400 km d'autoroute reliant Bordj Bou Arréridj à la frontière tunisienne. La réalisation de cette autoroute à l'horizon très prochain de 2009 aura, à n'en pas douter, des retombées positives sur l'aménagement du territoire algérien appelé à connaître un bouleversement économique et social sans précédent. Là où passera l'autoroute, des villes et des villages nouveaux s'édifieront, tandis que ceux qui existent devraient enregistrer un surcroît de développement. Cette autoroute qui a la particularité d'être reliée aux ports et aéroports algériens rendra d'énormes services à l'économie algérienne qui restera, faute de réseau ferroviaire cons quent, dépendante de l'infrastructure routière durant de longues années encore. Cette autoroute appelée à relier Oum Teboul (Annaba) à Maghnia (Tlemcen) en moins de 10 heures améliorera considérablement la fluidité du transport pour le grand bien du commerce et de l'économie en général. On compte par ailleurs sur cette autoroute pour régler définitivement la question épineuse du foncier industriel. Tous les terrains – ils seront nombreux – desservis par l'autoroute constitueront des réserves foncières intéressantes pour la localisation d'investissements. Les promoteurs en attente d'un terrain pourraient y trouver réponse. Conscient de l'importance de cet enjeu, le Forum des chefs d'entreprise a fait de l'affectation de cette réserve foncière aux industriels une de ses principales revendications. Les promoteurs immobiliers bloqués par l'absence de terrains à bâtir s'y intéressent également. La réalisation de l'autoroute devrait également stimuler le développement local, notamment par l'offre d'emplois qu'elle génère directement et indirectement, en favorisant la création de petites et moyennes entreprises sous-traitantes. Les grandes entreprises algériennes de travaux publics, à l'instar de Cosider et de l'ETRHB-Haddad, qui s'étaient plaintes d'avoir été écartées des appels d'offres, se sont vu octroyer d'importants travaux de sous-traitance à la faveur desquels elles feront l'apprentissage de la construction d'autoroutes aux normes européennes. On estime à environ 70 000 le nombre d'emplois directs et indirects susceptibles d'être générés par la réalisation de ce mégaprojet qui devrait, contrairement à ce qui est souvent affirmé, faire la part belle à la main-d'œuvre locale. Oxford Business School, qui a consacré un intéressant article à ce projet, évoque aussi la possibilité de lancer dans la foulée de l'autoroute Est-Ouest, la construction d'une voie intermaghrébine prolongeant l'autoroute algérienne jusqu'aux extrémités est et ouest de la Tunisie et du Maroc.