En vue de sa prochaine adhésion à l'OMC, l'Algérie s'est dotée d'un organisme d'accréditation aux exigences internationales (ISO 17011). Créé par décret exécutif, financé, en partie, par l'ambassade de France, Algerac devra être opérationnel dès 2008. L'histoire se déroule en Russie à l'ère de la Perestroïka. Au moment où les Russes commençaient à importer des marchandises, un groupe d'importateurs s'intéresse aux chaussures italiennes. Ebahis par les prix, extrêmement bas, pratiqués par une importante marque italienne, ils ont eu la désagréable surprise, à leur retour au pays, de découvrir que les chaussures qu'ils comptaient revendre étaient de mauvaise qualité car destinées aux morts. L'anecdote a été racontée par l'un des représentants de l'Onudi, M. Mansoura, au cours de la journée portes ouvertes organisée par Algerac afin de démontrer l'importance d'un organisme de certification crédible dans les échanges internationaux. A partir de 2008, date à laquelle l'organisme d'accréditation Algerac sera opérationnel, il ne sera plus question pour les produits algériens liés à la sécurité, la santé et l'environnement de circuler sans une certification reconnue. Algerac aura également pour mission d'accréditer les laboratoires et autres organismes certificateurs. Cette attestation devra apporter la démonstration formelle de la compétence de l'organisme à évaluer la conformité. Cette initiative est censée mettre fin aux certifications de pacotille délivrées par certains laboratoires privés. Côté positif : de plus en plus d'entreprises algériennes prennent conscience de la nécessité d'acquérir une certification de conformité. Alors qu'il n'y avait en 1999 qu'une seule entreprise certifiée, il en existe aujourd'hui 257. Côté négatif : en l'absence d'un organisme d'accréditation, beaucoup de laboratoires accordent des certifications de complaisance. "Il y a actuellement une centaine de laboratoires mais nous n'avons aucune idée sur la valeur des certificats délivrés", regrette M. Hadjoudj, ancien cadre au ministère du Commerce qui a eu à se charger de ce dossier. L'autre problème qu'il a évoqué est celui du non-développement de la "métrologie" en Algérie. "Tant que nous n'avons pas de laboratoires de métrologie, tout le reste, y compris la création d'un organisme d'accréditation, sera de l'à-peu-près", a-t-il tranché. Un représentant du ministère de l'Industrie a affirmé, à ce propos, que les pouvoirs publics ont déjà pris en main ce dossier en dégageant une enveloppe de 1,6 milliard de dinars pour la construction d'un laboratoire de métrologie de 8000 m3 dans la nouvelle ville de Sidi Abdellah. Tous ces efforts de normalisation rentrent dans le cadre de la prochaine adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Algerac devra maintenant gagner la confiance de ses pairs internationaux pour fonctionner correctement. L'organisme algérien s'attelle aujourd'hui à avoir l'aval de l'Ilac (International Laboratory Accreditation Cooperation), de l'IAF (International Accreditation Forum) et de l'EA (European Accreditation). Mis en place en avril dernier, Algerac ne pourra être opérationnel qu'à partir de l'année 2008. Il est financé à hauteur de 1,5 million d'euros, soit 47% de son budget, par le Fonds français de solidarité prioritaire (FSP) et de 300 millions de dinars (environ 3,5 millions d'euros) accordés par l'Etat algérien sur quatre ans, période de validité du plan d'action (2006-2010) élaboré pour l'organisme. Dans sa présentation du plan d'action d'Algerac, le directeur général de cet organisme, M. Noureddine Boudissa, a affirmé vouloir renforcer les capacités d'Algerac par la mise en place d'un conseil d'administration où toutes les parties intéressées par la qualité "seront équitablement représentées", assurer la disponibilité des moyens matériels adéquats et la formation du personnel nécessaire (auditeurs, évaluateurs et experts) pour le bon fonctionnement de l'organisme ainsi que de "gagner la confiance des instances internationales" vis-à-vis de la conformité du système national d'accréditation aux exigences internationales (ISO 17011). Bientôt, Algerac sera en mesure de délivrer des accréditations pour les organismes de certification et les laboratoires d'essais et d'étalonnage ainsi que l'accréditation d'organismes de contrôle et d'inspection comme les stations de contrôle technique automobile.