L'opérateur de téléphonie mobile, Orascom Télécom Algérie (OTA), bouclera bientôt le chiffre de 10 millions d'abonnés. Son directeur général, Hassan Kabbani, avoue qu'il s'agit d'une performance que l'entreprise ne s'attendait pas à réaliser aussi rapidement. Selon lui, la volonté d'encourager les investissements en Algérie constitue, entre autres, un facteur ayant aidé à accélérer l'exécution du plan initiative de l'entreprise. OTA va bientôt boucler le chiffre de 10 millions d'abonnés. Selon votre business plan initial, vous vous attendiez réellement à réaliser ce chiffre ? Nous savions dès le début qu'il y avait une forte demande pour la téléphonie en Algérie et nous savions que ça pouvait atteindre ce niveau. Mais on ignorait qu'un tel chiffre pouvait être atteint en si peu de temps. Par rapport à nos prévisions initiales, il y a eu une sorte d'accélération dans l'exécution du plan grâce à laquelle je peux dire que nous avons gagné deux ans. Nous pensions que ce chiffre allait être atteint aux environs 2008-2009. Comment expliquez-vous cela ? Il y a plusieurs facteurs. Je peux dire que l'essentiel réside dans le sérieux qui caractérise l'exécution du plan de l'entreprise. Le groupe a su comment mobiliser ces fonds pour financer à la hauteur qu'il faut cette opération. Pour ce qui nous concerne, nous avons su comment, d'une part, déployer le réseau rapidement dans un pays aussi vaste comme l'Algérie et, d'autre part, innover avec nos offres et nos produits pour répondre aux besoins et aux attentes du consommateur algérien. Il ne faut pas bien sûr oublier l'aspect formation. Une équipe a été à ce propos formée pour devenir aujourd'hui l'équipe gagnante capable de relever toute sorte de défi. Ce sont tous ces éléments réunis qui ont fait la réussite de l'entreprise. Quels sont les autres éléments en rapport avec l'environnement économique du pays ? C'est ce manque énorme qu'il y avait en matière de téléphonie en général. En 2001, il n'y avait que 200.000 lignes téléphoniques mobiles. Il fallait donc absorber en peu de temps toute cette demande. C'est ce que nous avons su faire. Il faut dire aussi qu'il y avait d'autres facteurs en rapport au climat général qui y régnait. Il y avait en effet cette volonté d'encourager l'investissement en Algérie et faciliter la réussite aux investisseurs. Mais la chose la plus importante c'est cette confiance qui a été créée entre l'opérateur et les consommateurs. Justement, après cinq années d'activité en Algérie, quel regard portez-vous sur le climat des affaires qui règne dans le pays ? Moi je crois beaucoup en ce pays. L'Algérie représente aujourd'hui un potentiel énorme pour l'investissement. C'est un pays qui a besoin de beaucoup de projets et pas mal de secteurs ont besoin de développement. Les moyens existent pour cela et je peux dire que tous les éléments sont aujourd'hui réunis pour la réussite de l'économie en Algérie d'autant que les autorités font tout ce qu'il faut pour créer cet environnement qui aide à la promotion des investissements. L'Algérie d'aujourd'hui n'est plus l'Algérie d'avant. Il est clair qu'il y a un esprit très positif pour faire avancer les choses, dépasser toute sorte de problèmes et savoir comment trouver les solutions. C'est la volonté de tout le monde, investisseurs et autorités, et il suffit de savoir rassembler les efforts et faire avancer les choses. Mais ce n'est pas ce que disent certains investisseurs étrangers qui hésitent toujours à venir en Algérie… Qui hésitent… ! Je crois que ce genre d'investisseurs ne mérite pas qu'on les qualifie en tant que tel. Un investisseur doit savoir comment saisir les opportunités et il y a des opportunités qui ne se présentent qu'une seule fois. Il y a d'autres investisseurs qui font de la politique et qui tardent à prendre une décision… Mais si on parle purement affaires et opportunités économiques, je dis que les conditions sont là pour ceux qui sont intéressés, d'autant que le risque n'est plus le même. Lorsque nous nous sommes présentés il y a cinq ans de cela pour la deuxième licence de téléphonie en Algérie, il y avait une grande différence entre le prix que nous avons mis et celui mis par un autre opérateur. Cette différence traduisait le facteur risque. Pour ce qui nous concerne, on voyait l'Algérie comme tous les autres pays où nous sommes présents, au moment où l'autre opérateur, en l'occurrence France Télécom, voyait l'Algérie comme un pays à haut risque. Ce même opérateur qui disais de nous que nous étions fous en proposant ce prix de 737 millions de dollars, regrette aujourd'hui d'avoir raté ce marché et cherche un moyen qui lui permet de rentrer de nouveau dans le marché algérien. Si on prend l'exemple du conflit qui existe actuellement entre vous et Algérie Télécom sur le problème de l'interconnexion, ne peut-on pas dire qu'en matière de réglementation il reste tout de même beaucoup de choses à améliorer ? Sur ça, je ne saurais vous répondre. Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura toujours des conflits de ce genre. Nous sommes un opérateur qui est dynamique et il y a tout le temps des choses sur lesquelles on ne peut pas toujours s'entendre avec les autorités de régulation. Mais je pense que c'est le moment de prouver qu'en Algérie, nous sommes dans un Etat de droit où, légalement parlant, celui qui a raison aura ses droits à travers le recours à la loi et à la justice. L'ARPT a pris une centaine de décisions pour lesquelles nous étions satisfaits. Il existe quelques décisions sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord et nous avons introduit un recours auprès du Conseil d'Etat. C'est à travers ce genre de pratiques qu'on peut montrer qu'en Algérie il y a la loi qui règne sans qu'il y ait de différence entre un opérateur privé et un autre étatique. Durant le mois de Ramdhan, les utilisateurs du téléphone mobile ont assisté à une sorte de "guerre des promotions". A quelle logique la promotion obéit-elle précisément ? En fait, on avait terminé la guerre avant qu'elle ne commence. Il n'y avait pas de comparaison entre ce que nous avons proposé et ce que les autres ont proposé. Beaucoup de personnes m'ont même demandé comment nous avions pu aller aussi loin dans notre promotion. Et je défie quiconque de me citer une promotion meilleure que la nôtre qui offrait des communications gratuites après la cinquième minute. Cela fait partie de la concurrence, de la nécessité de plaire aux abonnés et de les fidéliser. Notre relation avec les clients ne doit pas sombrer dans la routine, bien au contraire nous devons toujours la renouveler. Et c'est comme ça que nous avons pu gagner la confiance de 10 millions d'Algériens. Des projets en perspective ? Beaucoup de projets. On vient de lancer BlackBerry notamment pour les hommes d'affaires qui veulent avoir accès à internet à travers leurs mobiles. Pour les investissements, nous poursuivons le travail pour élargir la capacité de notre réseau et de notre couverture. Nous investissons également dans notre réseau de transmission et dans le câble sous-marin qui liera l'Algérie à l'Europe. Tout ce qui est nouvelle technologie de produits et services fait partie également de nos futurs projets d'investissement.