Le décès, au pavillon carcéral de l'hôpital de Bab El-Oued, du journaliste Mohamed Tamalt, après une longue grève de la faim, hante toujours les esprits des responsables de la Direction générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion. Dans un communiqué rendu public hier, la DG de l'administration pénitentiaire tente, d'ores et déjà, de se laver les mains des conséquences possibles concernant le cas de Kameleddine Fekhar, en grève de la faim depuis le 3 janvier écoulé et actuellement hospitalisé. Les rédacteurs du communiqué, ne se suffisant pas de faire endosser au gréviste de la faim un quelconque malheur qui pourrait survenir, s'en est pris aussi à son avaocat, Me Salah Dabouz. D'emblée, le communiqué a "reconnu" que le Dr Fekhar est en grève de la faim et qu'il est hospitalisé à l'hôpital d'El-Ménéa avant d'être transféré à Laghouat, pour assurer "sa prise en charge médicale". La DG a souligné que le détenu "est pris en charge médicalement et fait l'objet d'un suivi quotidien" et qu'il "a été transféré le 15 janvier à l'hôpital d'El-Ménéa, puis à l'hôpital de Laghouat, afin de poursuivre sa prise en charge médicale". L'administration pénitentiaire ajoute dans son communiqué que "le concerné reçoit régulièrement la visite de son avocat, Me Salah Dabouz, dont la dernière a été effectuée le 19 janvier". "Cependant, relève l'administration pénitentiaire, le détenu persiste à poursuivre sa grève de la faim en dépit des conséquences que cela pourrait avoir sur sa santé et sa vie." Le même communiqué poursuit en regrettant que l'avocat du détenu n'aurait pas "recommandé à son client de mettre fin à sa grève de la faim", avant de l'accuser "d'avoir exploité" l'état de santé du gréviste et "d'en faire étalage à travers les médias". Contacté par Liberté, Me Dabouz a tenu à relever que "l'intérêt du Dr Fekhar Kameleddine et les exigences de sa défense sont des questions qui regardent le justiciable et son avocat, mais surtout pas l'administration pénitentiaire", ajoutant que "toutefois, il est utile de rappeler à l'opinion publique nationale et internationale que le Dr Fekhar a entamé sa 5e grève de la faim depuis son arrestation qu'il qualifie d'arbitraire, par une décision politique prise au plus haut sommet de l'Etat le 8 juillet 2015, cadrée par une note qu'il qualifie d'illégale, envoyée par le procureur général près la cour de Ghardaïa au chef de la Sûreté de wilaya, exécutée dans une propriété privée dans laquelle le Dr Fekhar faisait la prière de tarawih à 21h30". L'avocat souligne que son mandant a "déposé des plaintes pour torture, violation de propriété privée et abus d'autorité contre des fonctionnaires et même de hauts fonctionnaires" et que ces plaintes "n'ont pas été prises en charge par l'appareil judiciaire". Me Dabouz a indiqué que son mandant "conteste la non-convocation de certains responsables qui détiennent des informations certaines sur les causes et les vrais acteurs et commanditaires des violences qu'a connues la wilaya de Ghardaïa pendant plus de 20 mois, notamment M. Ouyahia, M. Saâdani et M. Toufik". Répondant aux accusations de la direction de l'administration pénitentiaire, l'avocat fait savoir que "si le Dr Fekhar avait renoncé à la grève de la faim quatre fois auparavant", c'est parce qu'il avait "réussi à le convaincre, au moins, de la suspendre dans l'espoir de pouvoir obtenir une instruction à charge et à décharge, ce que, malheureusement, mon client désespère d'obtenir par les actes procéduraux déjà engagés". Mohamed Mouloudj