Rien n'a changé pour les quelque 13 000 propriétaires de fusils confisqués au cours de la sombre décennie écoulée pour des considérations liées à la sécurité nationale. Non seulement les autorités locales continuent, par le biais du cabinet de la wilaya, à leur tenir invariablement le même langage, à savoir que les instances concernées par la question seront informées par leurs soins, mais même ces instances (présidence, ministère de l'Intérieur, 3e région militaire - Blida) ont été directement sollicitées par les citoyens désarmés. Une délégation, composée de 30 personnes, s'est entretenue trois fois avec le général de la région militaire de Blida et cet officier supérieur lui a répondu ce que le chef de cabinet du wali lui a déjà promis : « Votre requête sera portée à la connaissance des instances concernées. Nous nous sommes rendus trois fois au ministère de l'Intérieur. Là, le chef de cabinet de ce département nous a promis d'en toucher un mot au wali pour la prise en charge de cette affaire. Comme nous n'avons rien vu de concret, nous sommes allés frapper à la présidence de la République où les mêmes promesses nous ont été faites. » Toutes ces revendications formulées de vive voix ou sous forme de pétition adressée au président de la République par voie de presse se brisent depuis cinq ans contre le même mur du silence dressé par les autorités. Pourtant, les propriétaires des fusils confisqués ont tout essayé pour récupérer leurs armes. Soutenus par la presse locale, ils ont même recouru à des actions de rue en bloquant plusieurs fois l'artère principale de Bouira et le siège de la wilaya. Hier, le sit-in qu'ils ont observé dans la matinée devant ce siège a rassemblé quelque 250 mécontents. « Ceux qui ont remis leurs armes à la police ont déjà récupéré les leurs, s'indigne le même citoyen. Il n'y a que ceux qui les ont confiées à la gendarmerie qui n'obtiennent aucune suite à leur réclamation. » « Pourquoi dans d'autres wilayas, comme Souk Ahras, les fusils ont été rendus à leurs propriétaires et pas à nous », relève un autre.