La Proches des 200 milliards de dollars avant le début de la crise financière à la mi-2014, les avoirs en devises de l'Algérie, soit ses réserves officielles de change, ne dépassent désormais guère les 114 milliards de dollars à fin dé-cembre dernier. En effet, selon les déclarations du gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal, cité hier par l'APS, les réserves officielles de change ont ainsi poursuivi leur tendance inquiétante à l'évaporation, chutant désormais à 114,1 milliards de dollars à fin 2016, contre 144,1 milliards à fin 2015, soit une baisse drastique de 30 milliards de dollars en l'espace d'à peine un an. Ainsi, après une tendance continue à l'accumulation sur près d'une décennie, le matelas des devises de l'Algérie s'est effondré de près de la moitié, érodé à la fois par la chute de plus de 50 % des revenus pétroliers du pays et par l'incapacité des pouvoirs publics à contenir suffisamment l'emballement des importations. De fait, alors que les exportations d'hydrocarbures, qui pèsent pour plus de 97% des recettes en devises du pays, sont passée de près de 60 milliards de dollars avant la crise à moins de 30 milliards actuellement, les importations, elles, continuent à caracoler aux alentours de 50 milliards de dollars, malgré les quelques mesures de res-trictions introduites ces derniers mois pour réguler le commerce extérieur. Des recettes en chute libre, en raison de la dégradation des prix du pétrole, et des importations presque incompressibles, au regard de la compétitivité médiocre de l'économie nationale, ont ainsi valu à l'Algérie un retour expédi-tif et dangereux aux déficits extérieurs, après plusieurs années d'excédents. A fin 2016, faut-il en effet rappeler, la balance commerciale affichait un défi-cit abyssal de près de 18 milliards de dollars, contre un solde négatif de 13,71 milliards de dollars en 2015, soit un creusement de près de 5% en l'espace d'un seul exercice. Concomitamment, le déficit de la balance des paiements qui retrace, elle, l'ensemble des échanges financiers du pays avec l'étranger, continue proportionnellement à s'aggraver, entrainant dans son sillage l'encours des réserves officielles de change. Au total, celles-ci se sont ainsi contractées de plus de 80 milliards de dollars depuis le début du re-tournement de la conjoncture pétrolière à la mi-2014, le Brent -pétrole de référence pour l'Algérie- ayant perdu entre temps plus de 60 % de sa valeur en chutant de quelque 110 dollars le baril à 55 dollars actuellement. Et alors que les prévisions les plus favorables tablent sur un baril stable à 60 dollars dans le meilleur des cas, un tel niveau de prix, s'il permet effectivement d'éviter un effondrement trop brusque des fondamentaux, ne suffira cepen-dant pas à ralentir la tendance accélérée à l'érosion des réserves officielles de change. En conséquence, le dinar dont la valeur a déjà fortement chuté, con-tinuera encore à dégringoler, tandis à terme, le pays risque de perdre tout pouvoir d'achat à l'extérieur, sauf à recourir de nouveau à l'endettement à des termes qui pourraient s'avérer plutôt douloureux.