La chute vertigineuse des prix du pétrole depuis juin 2014 a lourdement pesé sur les finances publiques. Hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, s'adressant aux membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) en séance plénière, a communiqué un bilan inquiétant de la situation des réserves de change. Pour amortir le choc extérieur, et en l'absence d'une réelle économie diversifiée, le gouvernement n'a fait que puiser dans les réserves financières du pays. Ce qui s'est traduit, selon les chiffres fournis hier par Mohamed Loukal, par une baisse des réserves à 114,1 milliards de dollars au 31 décembre 2016, alors que les avoirs en devises étaient de 129 milliards au mois de juin 2016 et 144 milliards fin 2015. évoquant les raisons de ce recul, le gouverneur de la Banque d'Algérie a cité la hausse des importations, la forte chute des cours pétroliers ainsi que l'appréciation de la valeur du dollar par rapport à l'euro. ces facteurs ont grandement contribué, selon lui, à l'amenuisement des niveaux des réserves de change du pays. En six mois, l'Algérie a prélevé 15 milliards de dollars, et en une année, 30 milliards de dollars. A ce rythme et en raison de la stagnation des prix du pétrole sur le marché international, il n'est pas exclu que le montant des réserves de change va encore baisser durant l'année 2017, au-delà des projections établies par les responsables de l'état. Le premier ministre Abdelmalek Sellal avait promis, il y a quelques mois, que ces réserves de change ne baisseraient pas sous les 100 milliards de dollars à l'horizon 2019. Un pari qui semble, en l'état actuel, difficilement réalisable. Même si le gouverneur de la Banque d'Algérie s'est montré hier optimiste devant les élus du peuple en soutenant que la position financière extérieure de l'Algérie est «solide», il n'en demeure pas moins que la situation est loin d'être rassurante. Les réserves de change continuent de chuter depuis deux ans et demi sans que le gouvernement ne parvienne à trouver une solution. Le fameux Fonds de régulation des ressources (FRR), fortement sollicité pour combler les déficits budgétaires enregistrés durant les dernières années est en phase d'épuisement et n'est plus alimenté depuis 2014. La vulnérabilité du pays est donc palpable et démontre que la marge de manœuvre du gouvernement est très réduite. Dans une telle conjoncture, il ne reste plus qu'à entreprendre des réformes plus courageuses que celles entreprises jusqu'à présent. D'autant plus que les autres indicateurs avancés par Mohamed Loukal, notamment la hausse du taux d'inflation qui se situe à près de 6% (5,7) et l'énorme déficit de la balance des paiements (22,4 milliards de dollars), ne font que confirmer que les décisions prises en matière de régulation des importations sont encore loin de produire les résultats escomptés. L'Algérie continue à dépendre très largement des revenus pétroliers et l'économie diversisfiée tant souhaitée n'est pas au rendez-vous. Selon les chiffres de la Banque d'Algérie, les recettes d'exportations durant les 9 premiers mois de 2016 se situaient à seulement 19,4 milliards de dollars, essentiellement tirées des hydrocarbures avec un prix moyen du baril à 42,69 dollars. La manne pétrolière a encore chuté en 2016 par rapport à l'année 2015, où le montant était de 35,72 milliards de dollars, alors qu'en 2014, le pays a engrangé 60,3 milliards de dollars. Devant ces chiffres, il y a vraiment lieu de s'interroger sur l'intérêt de poursuivre la politique socio-économique actuelle. Est-il possible de continuer à assurer à grande échelle les subventions sociales et le financement des projets d'équipements publics, alors que les prévisions les plus optimistes tablent sur un prix du pétrole ne dépassant pas les 60 dollars le baril d'ici fin 2017 ? Un niveau de prix qui est loin d'arranger les attentes de l'Algérie. L'urgence d'aller vers des réformes plus profondes de manière à éviter le défaut de paiement et les plans d'ajustement structurel du FMI se fait vraiment sentir.