Pédagogues, enseignants et parents d'élèves tirent la sonnette d'alarme et s'attellent, tant bien que mal, à faire face au phénomène de la violence, qui va crescendo en milieu scolaire. Certains l'expliquent par l'influence du milieu immédiat sur l'élève, d'autres par la perte de repères due aux conflits familiaux, à la déperdition, ou encore au harcèlement à l'école, qui met l'élève dans une «bulle» avant de se transformer en grenade dégoupillée. Pour atténuer un tant soit peu ce phénomène, la direction de l'éducation de Bordj a déjà procédé à la distribution d'un document aux établissements scolaires de la wilaya, portant sur les causes et les conséquences, tout en laissant une marge de manœuvre aux enseignants de traiter les données et de suggérer des solutions. Un document sous forme de questionnaire englobant des séries de questions sur des méthodes déjà utilisées en milieu scolaire et qui se sont avérées inefficaces. Car les lacunes ont, en effet, été diagnostiquées, mais point de solutions adéquates. Nous avons posé le problème à Messaoud Bekhaled, inspecteur de l'enseignement primaire, qui a accepté d'apporter son appréciable contribution, riche de 25 ans d'expérience. Notre interlocuteur a, d'emblée, lié le phénomène de la violence scolaire à la régression et au pourrissement du milieu extra-scolaire, qui se traduit par la délinquance et s'invite dans un milieu censé servir d'exemple pour bâtir une société saine et cohérente : «Certes, l'adolescence est la période la plus difficile dans la vie de l'individu, mais pour qu'un élève en arrive aux mains avec celui qui lui inculque le savoir, ou insulte une enseignante, qui pourrait être sa mère, est inadmissible, de l'avis de tous.» Et les illustrations ne manquent pas, il suffit de décortiquer la rubrique des faits divers de la presse pour en mesurer l'ampleur. Des signes avant-coureurs qui ne trompent pas sur une réalité qu'il faut prendre en charge urgemment. Ceci dit, si la violence gagne les adolescents des paliers moyen et secondaire, les enfants du primaire ne sont pas en reste. En effet, l'enseignant passe une grande partie de son temps à gérer les conflits de cour de récréation, et il n'est pas rare qu'une dispute éclate au beau milieu du cours, entre deux ou plusieurs élèves, pour des futilités. A ce titre, M.Bekhaled a vivement critiqué les nouvelles technologies, qui, selon lui, ont largement contribué à la dégradation du tissu social et surtout à tuer chez l'enfant la faculté de l'effort intellectuel. Certes, la panacée, pour canaliser l'énergie débordante et le comportement agressif des jeunes, n'existe nulle part. Mais il appartient à l'enseignant, aux parents d'élèves et à toute la société de s'impliquer pour faire de l'enfant d'aujourd'hui le bon adulte de demain.