François Fillon, candidat de la droite, qui a construit sa campagne électorale sur la probité et la morale en politique, est plus que jamais ébranlé par le «Pénélopegate». Il est suspendu à la décision de la justice. S'il est mis en examen, il devra dire adieu à l'Elysée et bonjour à la prison. Ce n'est vraiment pas la joie chez les Fillon. Cette famille modèle et conservatrice de la Sarthe se préparait calmement à rejoindre les ors de l'Elysée en mai prochain en cas de victoire du candidat François Fillon. Mais voilà que les vents apportent parfois ce que les bateaux ne désirent pas, comme dit un proverbe arabe. Au lieu de marcher vers l'Elysée, le couple Fillon a pris plusieurs fois le chemin du parquet financier de Versailles pour s'expliquer sur les sommes considérables (plus de 800 000 euros) que son épouse touchait en tant qu'assistante parlementaire. Le Canard enchaîné, qui a sorti l'affaire, est revenu à la charge mercredi dernier. Il a révélé que deux des enfants de l'ancien Premier ministre (2007-2012) ont touché, eux aussi, plus de 84 000 euros en contrepartie de l'élaboration de deux rapports que leur père leur a confiés lorsqu'il était sénateur. Or, il se trouve que les enfants de Fillon n'étaient pas à ce moment-là dans la vie active, mais encore étudiants, ou en stage. Un autre pavé dans la mare donc qui a davantage déstabilisé le candidat à l'élection présidentielle. Sonné comme un boxeur qui prend des coups de tous les côtés, il a accusé «la gauche et l'Elysée d'avoir fomenté un coup d'Etat institutionnel». «Il y a quelque chose qui ressemble à un coup d'Etat institutionnel, visant à priver un grand courant de pensée politique de son candidat, a expliqué le candidat lors d'un conseil national du parti Les Républicains (LR). Il a ajouté que «jamais une telle opération n'a été montée pour essayer d'éliminer un candidat autrement que par la voie démocratique». Panique générale chez le parti Les Républicains. Tout en assurant que son épouse Pénélope et ses deux enfants ont travaillé dans la légalité totale, M. Fillon est pour le moment incapable de fournir la moindre preuve de ce qu'il avance. A Moins qu'il ait tout dit à la justice qui doit décider s'il doit être mis en examen ou pas. En attendant, c'est la panique générale au sein des Républicains qui tiennent deux discours. En off, ils sont convaincus que les carottes sont cuites pour l'ancien Premier ministre qui a construit sa campagne électorale sur le principe de la probité et de la morale en politique. De nombreuses députés commencent à lui demander à demi-mot de se retirer de la course à la présidentielle car son crédit est sérieusement entamé. Certains ont appelé Alain Juppé à «se tenir prêt» au cas où. D'autres évoquent les noms de Xavier Bertrand, président de la région Ile de France et ancien ministre du Travail, et de François Baroin, ancien ministre du Budget sous Sarkozy. Mais tous les trois jurent qu'ils ne se préparent à rien et que le seul et unique candidat de la droite reste et restera François Fillon. Côté «on», c'est la mobilisation générale. Tous les députés et hommes politiques de droite ont affiché un soutien sans faille à M. Fillon. Officiellement, tous les messages distillés dans les médias se veulent rassurants sur l'issue de ce scandale. Eric Woerth ancien ministre de l'Economie sous Sarkozy a même parlé de «tentative d'assassinat politique de François Fillon». Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre sous Chirac, a fait du «merci François de tenir comme tu le fais, pour l'alternance dont notre pays a tant besoin et pour la France». Le sort de Fillon suspendu à la décision de la justice. François Baroin s'est adressé à Fillon en lui disant : «Tu es le seul candidat légitime, il n'y en a pas d'autres possible. Nous faisons bloc autour de toi.» En attendant les résultats de l'enquête, l'intéressé essaye d'allumer des contre-feux en tentant d'imposer d'autres sujets. Il parle de l'immigration, de Donald Trump ou de l'économie. Mais force est de constater que cela ne lui réussit guère. Tous les médias sont encore concentrés sur le «Pénélopegate». Même Le Figaro, pourtant de droite, trouve beaucoup de peine à défendre M. Fillon qui a tant fustigé les classes moyenne et pauvre, les accusant de vivre sur le dos de la solidarité nationale. Les sondages ne sont pas non plus bons pour le candidat de la droite qui voit sa cote de popularité s'écrouler comme un château de cartes. Il arriverait même en troisième position derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron si François Bayrou se présentait. En réalité, le sort de François Fillon est lié à la décision de la justice. Si celle-ci décide de le mettre en examen, il se retirera de la course à la présidentielle comme il l'a déclaré maintes fois. Mais s'il est lavé de tout soupçon, il repartira en campagne avec la ferme volonté de remporter la présidentielle. C'est une question de 15 jours, a déclaré Fillon à ses partisans. Sauf que durant cette période, la presse n'arrête pas de faire de nouvelles révélations sur Fillon et sa femme. La dernière est l'interview de Pénélope accordée en 2007 à une chaîne de télévision britannique dans laquelle elle a affirmé qu'elle n'a jamais été l'assistante de son mari. D'où viennent alors ces sommes faramineuses ? Suspense, suspense…