Né en 1969, soit deux ans après la guerre des Six Jours et une année avant le décès de Gamel Abdel Nasser, le Salon international du livre du Caire (ou CIBF pour Cairo International Book Fair) est intimement lié à l'histoire moderne de l'Egypte, dont elle a traversé toutes les étapes et péripéties. L'édition actuelle, la 48e, a été inaugurée le 26 janvier dernier au Fair-Grounds de Nasr City, sous le thème «Jeunesse et culture du futur», et s'achèvera le 10 février. S'étalant sur 16 jours, le CIBF conserve son record de longueur, sans doute unique au monde. Présenté souvent dans les médias comme le plus ancien Salon du livre du monde arabe, ce qui est le cas, on le qualifie aussi de plus grand, ce qu'il n'est plus. Ses indicateurs de participation ont subi le contrecoup des événements qui ont agité le pays et parfois concerné directement la manifestation. Seul salon du livre du monde arabe pendant longtemps, le CIBF n'a pas cessé de croître, atteignant un pic en 2004 avec 3150 exposants et 97 pays représentés. Après une chute de la participation l'année suivante, la manifestation a repris progressivement jusqu'en 2011 où, pour cause de Révolution, elle a été annulée avec de grosses pertes pour les exposants. Puis, les indices ont repris sans pour autant atteindre leurs niveaux antérieurs. La fréquentation déclarée (plus de 2 millions de visiteurs) a baissé et l'on parle désormais de «plus d'un million de visiteurs». Par rapport à 2004, année exceptionnelle, le nombre d'exposants a baissé également, passant de 3150 à 670 cette année. On note une baisse encore plus marquée par rapport à l'an dernier où l'on comptait 850 exposants (-180 exposants). Toujours depuis 2004, on est passé de 97 pays représentés à 35 cette année. Au cours de ces années, le Salon international du livre d'Alger a détrôné celui du Caire, s'imposant comme la première manifestation du genre dans le monde arabe. En plus des événements politiques, le monde du livre en Egypte a été très durement atteint par la crise économique. Si le livre dans ce pays bénéficie de la TVA zéro, la conjoncture a entraîné une dépréciation élevée de la livre égyptienne par rapport au dollar américain, ce qui a doublé sinon triplé le prix de la plupart des livres. Cette hausse a touché aussi les livres locaux, puisque cette dépréciation de la monnaie s'est répercutée sur le coût des intrants importés (papier, encres). Un risque qui plane aussi sur l'édition algérienne peu aguerrie aux compétitions économiques. Au plan animation culturelle, on note que le Maroc est l'invité d'honneur du Salon du livre du Caire, ce qui était déjà prévu avant que l'Egypte ne soit invitée à Alger. Il est convenu donc que l'Algérie sera invitée d'honneur de l'édition 2018. Le Maroc a proposé un programme animé par près de 60 écrivains et artistes. Présente comme à l'accoutumée au Caire, l'Algérie promeut sur son stand les productions de 27 maisons d'édition, un chiffre que le commissaire du SILA, Hamitou Messaoudi, a considéré comme faible, déplorant un manque d'esprit de participation, alors que la location du stand et l'acheminement des livres sont pris en charge par l'Etat.