Les quotidiens El Watan et Liberté sont vendus, depuis samedi dernier, 30 DA. Dans cet entretien, Abrous Outoudert, directeur de publication de Liberté, explique les raisons de cette nouvelle donne. Liberté et El Watan ont décidé d'augmenter le tarif de leurs journaux à 30 DA. Pourquoi ce choix ? Augmenter le prix du journal n'est pas un choix. C'était la seule solution possible pour éviter des difficultés financières. C'est à contre-cœur que nous avons pris la décision, le directeur d'El Watan et moi, d'augmenter les prix. Selon les normes établies, un quotidien, pour être viable, doit avoir un tirage de 50 000 exemplaires et au moins 6 pages de publicité. Ce qui n'est pas le cas actuellement puisque depuis plusieurs mois, nous fonctionnons avec deux pages de petites annonces. L'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) a décidé, de manière unilatérale, de rompre le contrat qui la lie à Liberté. Nous avons donc mis une croix sur la publicité institutionnelle. Plus que cela, des annonceurs privés qui nous donnaient de la publicité se sont retirés parce que des «donneurs d'ordre» ont agi dans l'ombre. Avec la concurrence des réseaux sociaux et d'internet, ne craignez-vous pas un recul des ventes en augmentant les prix ? Il est avéré qu'il y a un tassement des ventes de la presse papier à travers le monde à cause notamment des réseaux sociaux et des sites électroniques. Une niche très importante se présente à nous. Il s'agit du recours au e-paiement de sorte à ce que celui qui lit le journal en ligne paye. En outre, nous avons décidé de ne diffuser le contenu papier sur le site internet qu'à partir de 10h. Nous avons également supprimé le contenu PDF du site parce qu'on s'est rendu compte que trois journaux (Liberté, El Watan et Le Quotidien d'Oran) sont imprimés par un escroc qui les vendait à 1 euro dans des kiosques parisiens. Un fonds d'aide à la presse existe depuis plusieurs années. Souhaitez-vous qu'il soit mis à la disposition de la presse ? Le fonds d'aide existe et il doit être mis à la disposition des professionnels de la presse de manière transparente. Il doit être mis à contribution pour consolider les statuts des travailleurs de la presse, qu'ils soient journalistes, photographes ou techniciens. Ce fonds doit être utilisé également pour exporter la presse algérienne à l'étranger. Par contre, son utilisation doit répondre à des exigences. Il faut mettre en place des mécanismes pour que les journaux qui disposent de beaucoup de publicité ne puissent pas en bénéficier. Plus que cela, pour tirer profit de ce fonds, les journaux doivent respecter un minimum de droits des journalistes (salaires décents, déclaration à la Sécurité sociale...).