Il ne manque pas, par ailleurs, de pointer du doigt certains faits qui sont loin d'augurer, à ses yeux, une organisation d'un scrutin transparent et honnête. On ignore si cela procède de la pression politique, d'un constat lucide de la situation ou une façon de préparer les militants en cas de mauvaise surprise : le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), malgré un certain optimisme, ne dissimule pas ses appréhensions par rapport à la transparence du prochain rendez-vous électoral. À moins de trois mois du scrutin, il ne manque pas de pointer du doigt certains faits qui sont loin d'augurer, à ses yeux, une organisation d'un scrutin transparent et honnête, selon les normes universellement admises. "La surmédiatisation de la Haute instance de surveillance des élections, dont le président a été de surcroît installé en violation de la loi, jette plus de discrédit à cette structure qu'elle ne rassure les électeurs sur un processus déjà décrié parce qu'organisé par un pouvoir exécutif qui affiche son mépris envers l'opposition", a estimé hier, à Alger, le président du parti, Mohcine Belabbas, dans une allocution à l'ouverture des travaux d'un conseil national ordinaire du parti. "Fait aggravant, la structure chargée de cette organisation, à savoir le ministère de l'Intérieur, qui est incapable de donner suite à de simples courriers de demande d'information de la part de structures politiques ou sociales, pourtant légales, n'augure pas de transparence et de neutralité dans la compétition électorale", souligne-t-il, non sans ironiser : "La précipitation de l'annonce de la rémunération des membres de cette ‘instance de surveillance' qui, pour l'essentiel, se recrutent dans la clientèle du régime, est, de ce point de vue, édifiante sur la voracité des hommes du système y compris en période de crise aiguë et d'austérité, imposée aux citoyens". Reste que pour le RCD, pour peu que le pouvoir ait la volonté politique, le prochain rendez-vous électoral peut être l'occasion d'impulser une dynamique de changement à la vie politique et institutionnelle. "La crise de légitimité, certes profonde, peut connaître une amorce de règlement à l'occasion des élections législatives prochaines si le pouvoir se résout à ne pas triturer les résultats et à laisser les citoyens choisir librement leurs représentants. La transition démocratique et pacifique ne procède pas de formalisme. Elle procède avant tout d'une volonté politique d'aller vers le règlement des problèmes. L'essentiel de l'opposition est prêt. La balle est, une fois encore, dans le camp du pouvoir", souligne Mohcine Belabbas. "Des dirigeants sont tétanisés par l'ampleur des problèmes" En invitant le pouvoir à se résoudre à jouer la carte de la transparence et à négocier la transition, le RCD cherche visiblement à lui faire prendre conscience des périls qui menacent désormais le pays. "La crise que traverse notre pays ne cesse de s'amplifier. Elle est porteuse de désordre et d'anarchie. Elle fait peser une lourde menace sur notre vivre ensemble jusqu'à notre souveraineté. La gravité de la situation économique doit nous inquiéter au plus haut point. Tous les clignotants sont au rouge (...)", affirme Belabbas. Outre les mauvais choix économiques, la corruption endémique, les malversations et le refus de la transparence mais surtout les fraudes électorales qui "détournent" les voix des citoyens et "faussent" leurs choix, sont à l'origine de cette situation, selon le RCD. Il ne manque pas de relever, dans le même contexte, les multiples violations des droits et les entraves aux libertés, — comme les emprisonnements des blogueurs —, et dont le summum est illustré par "l'état d'exception imposé aux citoyens de Ghardaïa". Pour le RCD, les tourments politiques qui frappent le pays n'épargnent plus aucune institution, y compris les entités satellites du pouvoir "en proie à des convulsions et à des contradictions internes, parce que soumis à des centres de décision en décomposition". "Des dirigeants sont tétanisés par l'ampleur des problèmes. D'autres, tapis dans l'ombre, les exploitent, voire même les exacerbent (...)", observe le RCD. Il promet de faire une campagne électorale sur la base d'un programme et des propositions et "n'abusera pas le citoyen sur une fallacieuse réconciliation nationale", ni "ne tentera pas de tromper les citoyens sur de supposés complots de l'étranger". Karim Kebir