Alors que les revenus du pays ont baissé de plus de la moitié, le gouvernement, qui prépare actuellement la liste des nouvelles licences, peine à diminuer substentiellement la facture de l'importation. En dépit des mesures décidées par les pouvoirs publics instaurant des quotas et des licences pour l'importation de certains produits, le commerce extérieur de l'Algérie demeure déficitaire et la contraction enregistrée de l'activité import a été, l'année dernière, sans conséquence sur la balance commerciale. En effet, après plus d'une décennie d'excédents commerciaux, l'Algérie a vu, dès 2015, sa balance commerciale basculer dans le rouge, avec un déficit de 13,71 milliards de dollars. Une année plus tard, en 2016, la différence, en termes de valeur monétaire entre les exportations et les importations se creuse davantage, enregistrant un déficit de 17,84 milliards de dollars, en augmentation de 4,8%. Cette hausse s'explique essentiellement par un recul enregistré dans les exportations, notamment ceux des hydrocarbures dont les prix ont connu une baisse sur les marchés internationaux. Les chiffres fournis par les services des Douanes algériennes révèlent aussi que le taux de couverture des importations par les exportations a été, en 2016, de 62%, contre 67% en 2015, 107% en 2014, 120% en 2013 et 143% en 2012. Mais, globalement, les importations algériennes ont enregistré une baisse 9,62% par rapport à l'année 2015, passant de 51,7 milliards de dollars à 46,72 milliards de dollars. Leur répartition par groupe de produits fait ressortir des baisses pour les groupes «biens alimentaires» de 11,72%, les «biens destinés à l'outil de production» avec une proportion de 10,25%, les «biens d'équipements» de 10,4% et enfin les «biens de consommation non alimentaires» de 4,62%. Les «biens d'équipements», qui représentent une part de 30,67% des importations, sont constitués essentiellement des appareils électriques pour la téléphonie, de véhicules de transport de personnes et de marchandises, de turboréacteurs et turbopropulseurs, d'articles de robinetterie et organes similaires, de tracteurs et de bulldozers. Viennent ensuite, en 2e position, les biens destinés au fonctionnement de l'outil de production. Il s'agit surtout des huiles de pétrole, des matériaux de construction (barres en fer ou en acier, tubes et tuyaux, bois, etc.), ainsi que les huiles destinées à l'industrie alimentaire. Le groupe de «biens de consommation non alimentaires» vient en troisième position dans la structure de nos importations avec la quote-part de 17,71% et un volume de 8,27 milliards de dollars, enregistrant ainsi une diminution de 4,62% par rapport à l'année 2015. Les principaux produits de ce groupe sont : les médicaments, les véhicules de tourisme, les parties et accessoires de véhicules automobiles, les pneumatiques, les réfrigérateurs, les congélateurs, les meubles, les livres et brochures. Le dernier rang dans la structure de nos importations est occupé par le groupe des «biens alimentaires», avec une part de 17,6% du volume global, soit 8,22 milliards de dollars. Par rapport à l'année 2015, ce groupe a enregistré une diminution de 11,72%. Les Douanes algériennes notent que la baisse des importations des produits alimentaires, obtenue en 2016, a concerné les céréales avec 20,61%, les laits et produits laitiers (15,83%), les viandes (10%), et les légumes secs (7,69%). Quant à la hausse, elle a concerné les sucres (21,44%), le café et le thé (4,7%). Elle a également concerné les produits pharmaceutiques avec une hausse de 2,38%, équivalant au montant de 2,02 milliards de dollars, contre 1,97 milliard en 2015. Les huiles alimentaires ont aussi connu une hausse de 11,22%, avec une valeur de 579 millions de dollars en 2016, contre 520 millions de dollars en 2015. 130 millions de dollars en fruits frais et exotiques En ce qui concerne les fruits frais, les chiffres des Douanes montrent qu'il a été importé pour plus de 87,3 millions de dollars de bananes durant les 5 premiers mois 2016, (contre 79,2 millions de dollars sur la même période de 2015), et pour 42,8 millions de dollars de pommes (contre 68 millions de dollars). La facture a été de près de 15 millions de dollars pour les amandes (contre 10,6 millions de dollars), de 13,8 millions de dollars de raisins secs (contre 13,1 millions de dollars) et de 3,4 millions de dollars d'abricots secs (contre 4,3 millions de dollars), alors que les importations des pruneaux secs se sont chiffrées à 7,1 millions de dollars (contre 7,3 millions de dollars). Quant aux légumes frais, l'Algérie en a importé, en 2015, pour près de 16 millions de dollars dont 15,7 millions de dollars d'ail et 40 350 dollars d'oignon. Le pays a également importé d'Espagne, du Maroc et d'Egypte pour 11 millions de dollars d'agrumes, selon les chiffres fournis par la Chambre d'agriculture de la wilaya de Blida. Interpellés par les agriculteurs, les pouvoirs publics ont fini par prendre la décision d'interdire les importations des agrumes et légumes frais. La Banque d'Algérie a récemment adressé aux banques de la place une note les instruisant à la «suspension immédiate» des domiciliations bancaires des opérations d'importations de ces produits, «compte tenu de leur disponibilité sur le marché local». Surfacturation : Principal moyen pour les transferts illicites de devises La majoration de la valeur en douane déclarée à l'importation, ou la surfacturation, fait supporter au Trésor public, chaque année, des sommes faramineuses. En 2016, les services des contrôles a posteriori des douanes ont recensé 362 infractions de change et estiment le montant frauduleusement transféré à 8,25 milliards de dinars, soit plus de 72 millions de dollars. Les auteurs de ces délits financiers ont été au nombre de 89 opérateurs économiques activant sous le statut de personnes morales (85 sociétés et 4 personnes physiques). Selon les Douanes, la surfacturation représente encore la grande majorité des modes opératoires utilisés par les fraudeurs, bien que le phénomène soit en diminution. En 2015, les services de lutte contre la fraude avaient constaté 547 infractions de transfert illicite de devises pour un montant de 14 milliards de dinars, soit près de 127 millions de dollars.