Depuis 2003, date de l'apparition des premiers départs massifs d'Africains vers l'archipel des Canaries, c'est à partir du port de Dakar, au Sénégal, que les cayucos levaient l'ancre. Mais le renforcement du contrôle entre les autorités espagnoles et sénégalaises et l'organisation des vols de rapatriement ont poussé les clandestins à trouver une nouvelle porte pour l'Europe. Durant tout l'été, le port de Nouadhibou en Mauritanie a servi de point de départ. Distant de seulement de 750 km des côtes des Canaries contre 1000 à partir de Dakar, le port de Nouadhibou offre également l'avantage d'être moins surveillé et le « billet » en cayuco moins cher (1200 FCFA d'après certains clandestins). Le rush des jeunes Africains sur Nouadhibou a tôt fait de mobiliser les autorités espagnoles qui ont adopté un programme baptisé « Sea Force ». Un programme qui prévoit la collaboration avec les pays de transit à travers la mise en place de patrouille mixte de contrôle et la fourniture de vedettes de surveillance. Cette coopération a été couronnée par l'implantation d'un centre de transit à Nouadhibou. Résultat : les clandestins sont désormais contraints de faire le chemin inverse, direction Dakar. Depuis septembre dernier, ce sont presque exclusivement des Sénégalais qui affluent à bord des cayucos sur Tenerife. Une réalité qui nous a été confirmée par les clandestins eux-mêmes. Pour faire face à ce cache-cache en mer, les deux gouvernements, espagnol et sénégalais, viennent de signer un accord portant sur le rapatriement des immigrants clandestins de ce pays à Tenerife. Les premiers vols sont déjà partis de Madrid, il y a deux semaines, avons-nous appris. Les clandestins, eux, savent qu'ils sont menacés d'expulsion, mais ils semblent avoir plusieurs tours dans leur sac pour échapper définitivement au Sénégal « où il n'y a rien à faire ».