Le salon international de la pharmacie et de la parapharmacie (Siphal) a pris fin hier avec le même goût d'amertume et d'inquiétude qui plane sur le secteur. Les pharmaciens sont unanimes à déplorer la dégradation de leur activité dans un contexte économique difficile. «On a l'impression qu'on n'avance pas, c'est plutôt un retour en arrière, au point zéro. Nous vivons les mêmes problèmes qu'il y a dix ans, mais avec plus de difficultés, en l'occurrence financières», entend-on chez les pharmaciens d'officine. «Outre les marges qui n'ont pas encore bougé à ce jour, la rupture de certains médicaments fait baisser considérablement notre chiffre d'affaires. D'ailleurs, les commandes se font de plus en plus en quantités réduites. Nous tentons de combler cet écart avec les produits de parapharmacie», enchaîne un pharmacien d'officine. L'activité est sérieusement menacée, estiment les pharmaciens rencontrés. «Des confrères ont préféré fermer que de vivre ce drame sans pouvoir rien faire», ajoute l'un d'eux. Outre les questions financières qui posent sérieusement problème, il y a déjà la responsabilité morale et professionnelle. «Nous nous retrouvons parfois impuissants à répondre aux besoins des patients vu la tension sur certains produits et les possibilités de substitution sont limitées. C'est un sérieux problème que vivent les pharmaciens aujourd'hui dans leurs officines», fait remarquer Messaoud Belambri, président du syndicat national des officines (Snapo). «D'autre part, le secteur du médicament vit actuellement des répercussions négatives sur le fonctionnement et l'économie de la pharmacie. Lorsque la viabilité est remise en cause, il est clair qu'on enregistre des incidences directes sur la rentabilité de l'officine», a-t-il indiqué. Il revient ainsi sur la baisse des prix des médicaments qui a sérieusement affecté la santé économique de l'officine. «Ce qui a réduit de moitié les marges bénéficiaires du pharmacien alors que sa vocation initiale est le médicament», rappelle M. Belambri, avant de signaler qu'avec l'augmentation du nombre de pharmacies installées avec un ratio d'une officine pour 3000 habitants alors que la norme est fixée à une officine pour 5000 habitants, «l'offre est plus importante que la demande. Nous vivons une situation d'asphyxie», a-t-il déploré.