Les principaux animateurs du fameux Manifeste kabyle passent à une étape supérieure. Après avoir plaidé, dans des tribunes médiatiques, pour un statut particulier de la Kabylie, ils décident de créer un mouvement politique pour concrétiser leur objectif. Sous le titre «Pour une Kabylie autonome dans une Algérie plurielle et démocratique», ces animateurs ont choisi Arous, à Tizi Ouzou, un «haut lieu du Mouvement national et de l'affirmation identitaire amazighe», pour tenir leur convention politique vendredi dernier. Les participants à cette convention, à savoir des militants autonomistes kabyles venus de toutes les localités de la Kabylie et de l'immigration, ont adopté, après débat et concertation précise-t-on, le projet de création d'un mouvement politique appelé Rassemblement pour la Kabylie (RPK). Un mouvement qui affiche clairement son opposition au séparatisme que réclame le Mouvement pour l'indépendance de la Kabylie (MAK) dirigé par Ferhat Mehenni. Et il le met en avant. «Le RPK se veut un lieu de rassemblement pour tous les Kabyles qui partagent le projet d'une large autonomie politique de la Kabylie dans une Algérie plurielle et démocratique», a assuré le coordinateur de ce mouvement, Hamou Boumedine, dans le même communiqué. L'objectif politique recherché par les fondateurs de ce mouvement est «la reconnaissance, par l'Etat algérien, d'un statut particulier de la Kabylie». Un statut qui lui permettra de se doter d'institutions propres dont un Parlement et un gouvernement régional. Le RPK inscrit son action dans la légalité. Ces initiateurs affirment que leur premier combat est d'obtenir de l'Etat algérien l'agrément de ce mouvement. «Le RPK usera de tous les instruments juridiques internationaux, ratifiés par l'Etat algérien, pour faire valoir son droit à une existence légale», a indiqué le coordinateur du mouvement, soulignant que «le RPK a pour priorité la sauvegarde de l'identité kabyle, la promotion et le développement de la langue et de la culture kabyles à travers des politiques qui relèveront de la compétence exclusive des institutions de la Kabylie». Ce Rassemblement se veut, selon ses initiateurs, «un mouvement démocratique qui récuse l'usage de la violence sous toutes ses formes et inscrit ses actions dans le prolongement de toutes les luttes identitaires et démocratiques engagées avant et après le Printemps berbère de 1980». Selon les termes du même communiqué, le RPK accompagnera et appuiera toutes les initiatives qui visent à sauvegarder les valeurs kabyles, à protéger l'environnement et à inscrire la Kabylie dans le développement durable. Il s'inscrira, a-t-on ajouté, «dans le combat amazigh» et participera de manière active «au rassemblement de tous les militants du combat amazigh en Algérie et dans toute l'Afrique du Nord». Si sa priorité est la Kabylie, le RPK, a-t-on affirmé dans le même communiqué, militera pour la démocratie, la modernité et les droits de l'homme dans toute l'Algérie. «Une direction politique a été installée et a été chargée de préparer les assises du Rassemblement pour la Kabylie», a-t-on souligné. Le RPK a été créé sur la base des deux manifestes rendus publics, à savoir le Manifeste pour la reconnaissance constitutionnelle d'un statut politique particulier de la Kabylie de décembre 2014 et l'appel à la Convention politique de décembre 2016. «Ces deux manifestes constituent les textes fondateurs du RPK où sont réaffirmées la nécessité de la redéfinition de la nation algérienne dans une vision multiculturaliste et la refondation de l'Etat algérien qui doit en être l'émanation», ont précisé ces initiateurs, qui sont des universitaires. La naissance de ce nouveau mouvement autonomiste intervient au moment où le MAK connaît une crise et peine à fédérer autour de lui, en raison de son caractère scissionniste. D'ailleurs parmi les initiateurs du RPK, il y a des anciens «déçus» du MAK.