Le parti Jil Jadid a tenu, hier, son premier congrès ordinaire.L'occasion pour Soufiane Djilali, leader de cette jeune formation politique, de présenter son projet de société intitulé «Pour une Algérie moderne». Des personnalités politiques, à l'image de Karim Younès, Mohamed Arezki Ferrad, Karim Tabbou, Abdelkrim Abada étaient au premier rang. Parmi les invités figuraient également des syndicalistes et des hommes de loi. Cinq ans après l'obtention de son agrément, le 18 mars 2012, Jil Jadid, selon ses animateurs, se porte bien et sa force réside dans ses militants composés, dans leur majorité, de jeunes aptes à relever les défis et à bâtir au fil des années un parti fort. A l'ouverture des travaux de ce congrès, les intervenants ont repassé en revue les activités du parti qui a décidé de boycotter les législatives du 4 mai prochain. Dans son discours de 40 pages, où il reprend les grands axes du projet de société, Soufiane Djilali appelle d'abord à mettre fin au «zaïmisme» et au culte de la personnalité pour faire avancer l'Algérie. «Les partis politiques ont les plus grandes difficultés à se construire sérieusement. Il est vrai que le pouvoir en place ne les aide pas, tout au contraire. Il reste que le chemin est encore long pour aboutir à une démocratie épanouie. Pourtant, il est essentiel de s'atteler à la construire dès maintenant. L'avenir passe par l'action du présent», affirme le président de Jil Jadid, qui insiste beaucoup sur le changement des mentalités. «Le système institutionnel algérien doit donc être réformé en fonction de ces données. Pour les résumer, il s'agit d'impliquer la population à assumer ses responsabilités civiques à travers les partis politiques mais en canalisant l'accès aux institutions à travers des normes raisonnables et progressives dans leur ouverture», assure-t-il, estimant qu'«il faut rapidement sortir de l'ère du “zaïmisme” absolu et entrer dans celle des institutions fortes». «Il faut mentalement, précise-t-il, quitter l'esprit tribal et familial pour entrer dans l'organisation institutionnelle et légale. Il faut en finir avec le mépris du peuple-sujet de la part des gouvernants et entrer dans l'ère du peuple-citoyen», tranche l'orateur. Mais comment réconcilier une société fâchée avec elle-même, avec sa propre identité, s'est interrogé l'orateur. Pour Soufiane Djilali, «gouverner, c'est prévoir» et un programme de société «ne peut pas être les millions de logements à construire ou les postes de travail à créer et les crédits à offrir. Un projet de société doit fondamentalement relever un défi historique en proposant un idéal partagé. Il doit s'appuyer sur les valeurs phares de la société, qui sont responsabilité et justice». Dans l'optique d'un ressourcement de la nation, il faudra régler, explique le patron de Jil Jadid, définitivement la question identitaire en général et de tamazight en particulier, tout en prenant en compte les particularités régionales. «Il est venu le moment d'ouvrir très sérieusement le dossier de la question identitaire. Celle-ci relève non pas d'une quelconque position politique chauvine ou idéologique, mais d'une dimension touchant à l'intégrité de la nation», affirme-t-il. Du point de vue du parti de Soufiane Djilali, la démocratie «ne peut être imposée par décret». Un pouvoir responsable doit préparer très sérieusement les mentalités à l'exercice de la démocratie. Il ne s'agit pas forcément de copier les régimes démocratiques, mais d'entamer un processus qui doit aboutir à la sélection d'une classe politique digne de ce nom. Et ce, à travers de «vraies écoles» de formation pour préparer les citoyens à devenir responsables, avec la condition de rester en dehors «de tout critère idéologique ou d'appartenance politique». L'Algérie, affirme Soufiane Djilali, est face à un immense défi, pour lequel il faudra «reconstruire sur des bases rationnelles, une société actuellement désarticulée et délabrée. Il faut rétablir une échelle de valeur conforme aux exigences du monde moderne et reconstruire un ‘‘surmoi collectif'' capable de créer de l'harmonie dans la communauté»