Pour M. Djilali, face à la situation actuelle que traverse le pays, les pouvoirs publics ne doivent pas être les seuls à assumer la responsabilité de redresser la barre. Cinq ans, presque jour pour jour, après sa création, le parti Jil Jadid a tenu, hier, son 1er congrès ordinaire à l'issue duquel son fondateur, Soufiane Djilali, a été reconduit à sa tête. S'étant présenté comme seul et unique candidat à sa propre succession, M. Djilali a été, en effet, plébiscité sans surprise aucune, et encore moins de suspense, pour continuer à présider le parti durant les cinq années à venir. Si les statuts du parti limitent à deux le nombre de mandats du président, Soufiane Djilali pourra néanmoins briguer le prochain mandat car la disposition n'entre en vigueur qu'à partir de ce 1er congrès. Un congrès qui n'a duré qu'une seule journée et qui, surtout, a dérogé aux règles traditionnelles d'organisation. Ces assises de l'instance suprême d'un parti politique, abritées par la salle de cinéma Echabab à Alger-Centre, se sont résumées en effet à la présentation du bilan des cinq ans d'activité du parti et à un discours, plutôt académique, lu par son président. Académique en ce sens que Soufiane Djilali a focalisé quasi-exclusivement sur son "projet de société". Le congrès de Jil Jadid a enregistré la présence de quelques dizaines de congressistes et d'une poignée d'invités à la stature, faut-il le dire, discutable, en ce sens qu'il n'y avait aucun représentant d'un parti politique agréé, alors que le corps diplomatique est représenté uniquement par l'ambassadeur de Palestine à Alger. Parmi les présents, figuraient, notamment, Karim Tabbou, fondateur de l'UDS en attente d'agrément, Ali Benouari, fondateur de Nida El-Watan, autre parti non agréé, Amar Khababa, député transfuge du mouvement Al-Adala d'Abdellah Djaballah, Karim Younès, ancien président de l'APN ou encore Kamel Guemazi, ancien militant du FIS dissous... Pour revenir à son "projet de société", Soufiane Djilali préconise une sorte de réforme sociologique et sociétale de la société algérienne, voire une réforme pédagogique du comportement des Algériens. De son point de vue, "le problème politique n'est en fait que la partie visible de l'iceberg". D'où son jugement que "pour construire un système politique fiable et efficace, il faut rétablir les équilibres internes à notre société (...)". Le président de Jil Jadid en fait désormais son cheval de bataille. "Eduquer les générations montantes et reconstruire une société qui soit moderne, efficace et agréable à vivre, exige la mobilisation des médiateurs et des formateurs", estime-t-il. Pour M. Djilali, aujourd'hui et face à la situation actuelle que traverse le pays, les pouvoirs publics ne doivent pas être les seuls à assumer la responsabilité de redresser la barre. Il juge que la société a aussi un grand rôle à jouer. "La société civile, l'élite en général, les icônes tant sportives que culturelles devront s'impliquer (...)", a-t-il dit, non sans regretter la vaine tentative des partis politiques de l'opposition de se solidariser pour provoquer la transition démocratique. "Nous avions tant voulu que les partis politiques se solidarisent pour aider le système à changer", a-t-il rappelé, dans une allusion à l'Icso, issue de la plateforme de Mazafran, qu'il a tout récemment décidé de quitter. Un échec qu'il endosse, sans citer sa cible, aux "égoïsmes et calculs politiciens" de ses désormais ex-alliés. "Cette voie est pour le moment encombrée d'égoïsmes et de calculs politiciens", a-t-il accusé. D'où son choix de réorienter désormais ses espoirs sur la société civile. Un pari pour le moins audacieux. Farid Abdeladim