Ce que le gouvernement désigne comme une réunion ouverte sur le monde du travail n'est autre qu'un soliloque dans lequel les membres de l'exécutif, le syndicat maison UGTA ainsi que les représentants du patronat, échafaudent une politique sociale de salon loin des préoccupations réelles des travailleurs. Les masses laborieuses s'organisent pourtant, comme elles peuvent, en syndicats autonomes, afin de pouvoir faire entendre leurs voix, mais le gouvernement continue à leur tourner le dos. Vingtième tripartite et vingtième gifle assénée aux syndicats autonomes qui se voient encore une fois exclus d'une réunion dont la première mission est d'essayer de concilier attentes des travailleurs, offres des patrons, et arbitrage du gouvernement. «Ce n'est pas une surprise, c'est dans la nature même du système d'avoir peur de tout ce qui est indépendant… Ils savent que nous ne cautionnerons pas, comme le fait l'UGTA, leurs décisions qui ne servent que leurs propres intérêts», souligne Rachid Malaoui, président de la Confédération générale des travailleurs autonomes en Algérie. Contacté hier par téléphone, Rachid Malaoui estime que le gouvernement ne daignera inviter les syndicats autonomes que lorsque ces derniers adopteront la même politique de l'UGTA, c'est-à-dire servir les intérêts de quelques individus au détriment des attentes des travailleurs. «Le pouvoir a peur du changement et même du dialogue… Il ne veut avoir pour interlocuteur que sa propre clientèle qui applaudira sa politique catastrophique», indique Malaoui, soulignant que l'exclusion des syndicats autonomes est du même ordre que l'exclusion de toutes les forces autonomes du pays. «On réprime les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes indépendants, les syndicalistes indépendants, les blogueurs, car tout ce qui est indépendant dérange», dit-il avant d'ajouter que les Algériens ne peuvent rien attendre d'une tripartie à laquelle participe un chef de l'UGTA qui a donné un burnous au patron des patrons. «L'UGTA a donné un quitus à la politique ultralibérale prônée par le gouvernement et le patronat… et la loi de Finances 2017 a montré ce que veut et peut faire le gouvernement pour les Algériens, cette tripartite ne servira donc à rien», estime notre interlocuteur. Messaoud Boudina, porte-parole du Cnapest considère, pour sa part, qu'une réunion de la tripartite sans la présence des syndicats autonomes est un non-événement. «La tripartie est un espace de dialogue social, si les véritables représentants des travailleurs en sont exclus, on ne peut pas s'attendre à ce qu'on parle des travailleurs», souligne M. Boudina, en notant que cette 20e tripartite n'apportera rien de plus, mais risque de toucher encore aux acquis des travailleurs. «Le pouvoir d'achat des citoyens s'érode de jour en jour, et ce n'est pas une tripartie dont les participants ne représentent pas les travailleurs qui va y changer quoi que ce soit… Si le gouvernement veut entendre les travailleurs, il n'aura qu'à répondre aux revendications de l'intersyndicale», estime M. Boudina.