A la faveur de la mobilisation dans le secteur des hydrocarbures en rapport avec les négociations en cours sur les augmentations de salaires, plus de 1500 travailleurs ont pris part, mardi, à l'AG extraordinaire qui s'est tenue à la base du 20 Août en présence du directeur régional de Sonatrach. Si les interventions des syndicalistes (UGTA) ont été unanimes pour dénoncer l'accord signé et qui arrête les augmentations au seuil de 8 à 12%, la revendication d'une augmentation à 50% consignée sur le PV de l'AG n'a pas suffi à contenir la grogne des gaziers acquis à l'imminence d'une grève. En effet, le lendemain de l'AG, beaucoup d'entre les 4000 travailleurs à Hassi R'mel ont hésité avant de reprendre le travail. Les représentants syndicaux, au cours d'une AG tendue qui menaçait de déboucher sur une grève, ont dû hausser les enchères pour contenir la colère. En effet, le SG du conseil syndical a clairement signifié que l'AG était tenue pour dénoncer l'accord signé entre le président de la fédération et le PDG de Sonatrach. En 2004, on n'a pas voulu signer l'accord sur la prime d'intéressement avec l'ancien secrétaire général, parce qu'il avait dépassé l'âge de la retraite. Aujourd'hui, le président de la fédération a plus de 65 ans ! », affirme-t-il, avant d'ajouter que le collectif des travailleurs de Sonatrach dénie le droit au président de la fédération d'agir ou de signer au nom du groupe Sonatrach. « L'interlocuteur du président de la fédération, c'est le ministre. S'il signe, c'est au nom du secteur des hydrocarbures et non du groupe », précise-t-il. Jouant la carte de l'apaisement, le directeur régional de Sonatrach est intervenu pour sa part pour dire que les revendications du collectif de travailleurs de Hassi R'mel bénéficient de l'attention du « Top Management » et que les négociations se poursuivent. Mû par la volonté de peser sur les négociations en cours et pressé par une base qui réclame plus, le syndicat UGTA est désormais lié par un PV d'AG dans lequel il est exigé une augmentation de 25% assortie de la menace de recourir à une grève en cas d'échec des négociations. Outre la stricte question des négociations autour de la convention de branches et des salaires, les travailleurs posent d'autres problèmes que d'aucuns cherchaient à occulter. « Il est aberrant, avec les scandales que connaît le secteur bancaire, que l'on accorde une augmentation de 25% au secteur, alors que le secteur de l'énergie qui fait vivre tout le pays bénéficie de moins que ce seuil », déclare-t-on. En plus de la question des salaires, les travailleurs de Hassi R'mel s'en sont pris directement au ministre qui, selon leurs propos, refuse de traiter avec les travailleurs. Ils posent toute une liste de problèmes jamais pris en charge. « Les turbinistes quittent Sonatrach handicapés et ne bénéficient que de mesures aléatoires parce que les médecins ne font pas leur travail, c'est aberrant que l'on change le poste à quelqu'un qui y a laissé sa santé. » Traitant des manœuvres autour de la question des salaires, la cinquantaine passée, un travailleur soutiendra que beaucoup d'entre ceux qui étaient mobilisés pour juguler la colère des travailleurs étaient dirigés par téléphone à partir d'Alger. « Les dés sont pipés, il y a un jeu caché. Dans l'ombre, des gens manipulent et tirent les ficelles pour un pourrissement au secteur », clame-t-il, avant qu'un autre ajoute : « Nous réclamons une enquête sur tous ceux qui, en haut lieu, sont responsables de la situation qui prévaut actuellement. » A Hassi R'mel comme dans l'ensemble du secteur des hydrocarbures, à la faveur de la révision de la loi des hydrocarbures, la contestation semble reprendre ses droits, battant en brèche la discipline de façade. Il n'est d'ailleurs pas exclu que, d'ici le 20 novembre (date retenue par l'UGTA), le collectif des travailleurs passe outre au légalisme dans lequel on veut le confiner.