La direction de Sonatrach propose une augmentation allant de 8 à 12 %, se réfèrant toujours à l'accord sectoriel signé le 17 octobre 2006 avec la fédération nationale. Le syndicat national rejette ce taux. Les négociations entre la direction de l'entreprise Sonatrach et le syndicat national sur les augmentations de salaires, entamées depuis plus de deux jours, n'ont pas encore donné de résultats, alors que l'effervescence et l'inquiétude commencent à gagner des milliers de travailleurs. Des milliers d'employés, notamment ceux de Hassi-R'mel et de Hassi-Messaoud, sont toujours en attente de la moindre nouvelle de la réunion tenue dans la soirée d'avant-hier entre les vice-présidents des activités opérationnelles et le bureau du syndicat national. En effet, si cette réunion présidée par M. Faghouli, côté entreprise, et M. Lamouri, côté syndicat, qui a duré de 17 h à 22h 30, soit cinq heures, n'a pas connu beaucoup de progrès, elle a permis tout de même d'identifier les problèmes et autres difficultés à l'origine de ce blocage. Les deux parties qui ont repris hier après-midi les négociations continuent de buter sur le taux d'augmentation des salaires. Et c'est cette question qui a largement dominé les débats avant-hier. La direction de Sonatrach se réfère toujours à l'accord sectoriel signé le 17 octobre 2006 avec la fédération nationale qui prévoit une augmentation allant de 8 à 12 % pour toutes les entreprises du groupe Sonatrach. Le syndicat national rejette ce taux et revendique l'application de “l'accord de principe d'une augmentation conséquente”, intervenue en juillet 2006, soit avant les accords de la tripartite. Cet accord de principe qui prévoit, selon des syndicalistes, un taux d'augmentation de 30% sur le salaire de base est intervenu surtout pour juguler la fuite des cadres de l'entreprise vers les firmes étrangères. Les dirigeants de l'entreprise craignent que les autres filiales de Sonatrach, une trentaine environ, demandent les mêmes augmentations et c'est assurément à ce niveau que se situe le blocage, nous a confié hier un cadre de l'entreprise. Mais la base syndicale appuyée par des milliers de travailleurs semble ne pas trop attendre de ces négociations et menace d'observer une grève à l'image des travailleurs de Hassi-R'mel qui se sont réunis lundi soir en assemblée générale pour donner un ultimatum jusqu'au 20 novembre au conseil national de Sonatrach afin de tenir une assemblée générale extraordinaire. “Les travailleurs de la division Production Hassi-R'mel, qui se sont mis d'accord à l'unanimité sur une augmentation de 50%, ont convenu d'une éventuelle grève générale après épuisement des négociations”, lit-on dans leur déclaration du 13 novembre 2006, alors que ceux de Boumerdès et Oued-Smar qui ont, eux aussi, adopté une déclaration allant dans le même sens disent “être mobilisés pour l'organisation, le cas échéant, d'assemblées générales”, avant de fustiger la position de la direction de Sonatrach au sujet du taux proposé, qualifié de “mépris et de provocation pour les travailleurs de Sonatrach”. Les mêmes positions sont partagées par les travailleurs de Gliz et Glik GL4Z d'Arzew regroupés en coordinations syndicales Aval et LQS d'Arzew qui, eux aussi, “menacent de recourir à la grève pour faire aboutir leurs revendications”. Par ailleurs, dans une déclaration faite hier à la Chaîne III, M. Lakhdar Badredine, secrétaire général de la fédération des pétroliers, a indiqué que “l'accord sur un taux de 8 à 12 %, intervenu dans le cadre des accords de la convention de branches, a toujours laissé des possibilités et des ouvertures au syndicat national de négocier des augmentations supérieures”. Le chargé à l'économie à la centrale syndicale, qui a lancé “un appel aux responsables de l'entreprise Sonatrach pour faire un effort en direction des travailleurs”, a affirmé que “si les négociations en cours n'aboutissent pas, la fédération et la centrale syndicale agiront au mieux pour aboutir à un résultat”. M. Badredine a indiqué, par ailleurs, que plus de 2 000 cadres ont quitté Sonatrach à cause de problèmes de salaires. “Ce chiffre s'ajoute aux 2 000 autres retraités qui sont déjà chez d'autres firmes internationales”, a précisé M. Badredine, ajoutant que si cette situation persiste, cela risque de créer des perturbations au niveau des plus importantes installations et platesformes de la compagnie nationale des hydrocarbures. M. T.