Des centaines de dossiers de demande de retraite proportionnelle et sans condition d'âge gisent encore dans les tiroirs de la direction de l'éducation (DE) de la wilaya de Béjaïa. A l'échelle nationale, ils sont des milliers à être dans la même situation dans une dizaine de DE. Depuis l'adoption de la loi 16-15 du 31 décembre 2016, modifiant et complétant la loi 83-12 relative à la retraite et qui est entrée en vigueur début janvier 2017, annulant la retraite proportionnelle, un engouement sans précédent des candidats à l'allocation de retraite a été provoqué. Le cas de la wilaya de Béjaïa est patent. Deux mois après l'expiration du délai réglementaire exigé par la CNR, fixé au 31 décembre 2016, plus de 2000 demandes n'ont pas quitté les bureaux de la direction de l'éducation de la wilaya. Pourtant, les fonctionnaires de la DE disposaient de deux mois pour traiter, plus exactement, 2039 dossiers, puisque la date butoir de dépôt communiquée par la direction aux enseignants a été fixée au 31 octobre 2016. La DE n'ayant pas pu établir autant d'états généraux des services de chaque enseignant, un document à la base duquel la CNR détermine la valeur de la pension du retraité, cette dernière a refusé d'enregistrer des dossiers «incomplets». Un responsable à l'agence de la CNR de Béjaïa a accepté de répondre à nos questions, mais sous le sceau de l'anonymat. Pour lui, les raisons du retard de 4 mois pour le traitement des dossiers sont à chercher au niveau de la DE. Pour ce qui concerne les services de l'agence locale de la CNR, il est impossible, estime notre interlocuteur, d'accepter des dossiers -de surcroît incomplets- après l'entrée en vigueur de la nouvelle disposition juridique. Néanmoins, notre interlocuteur reste confiant quant à l'issue de ce conflit induit par une indésirable loi qui a pris de court des directeurs de l'éducation qui, vraisemblablement, ne s'y sont pas préparés en conséquence. Pour Bezza Benmansour, SG de la direction de l'éducation de Béjaïa, qui tente de justifier la lenteur dans le traitement des dossiers, ce retard est dû au «nombre impressionnant de dossiers déposés en 2016 et le chevauchement des situations antécédentes avec celle de l'année précédente». Toutefois, il a indiqué : «Cette question est en passe de trouver une solution au niveau des tutelles des deux organismes, puisque les propositions, qui ont été formulées au directeur de l'agence locale de la CNR ont essuyé un niet catégorique, sous prétexte que les dossiers, sans les états de service, sont considérés comme étant incomplets.» De plus, aucun répit, ni prolongement de délai n'ont été accordés aux services de la DE. Des syndicalistes interrogés à ce propos ont confirmé qu'il y a «un problème de dysfonctionnement entre les deux administrations, lié à la méthode à suivre dans le traitement des dossiers et également au manque de personnel dont se plaint, notamment, la DE». D'autres poussent le raisonnement plus loin, ce problème, qui se généralise à d'autres wilayas, disent-ils, est lié à la politique d'austérité prônée par le pouvoir. Car pour répondre à une moyenne de 2000 demandes par wilaya, cela exige des fonds conséquents à la CNR, qui s'est plaint, d'ailleurs, d'une saignée dans sa trésorerie au point d'appeler le gouvernement à la rescousse. Ce conflit, qui inquiète des milliers d'enseignants, annonce, de fait, selon nos interlocuteurs, une longue attente et augure d'une gestion «austère» de ce dossier. Un traitement qui obéira à des règles rigoureuses, étant donné le contexte financier du pays.