Des étudiants en chirurgie dentaire entament aujourd'hui leur sixième jour de grève de la faim illimitée, à l'appel de leur coordination nationale. L'état de santé de certains étudiants volontaires s'étant dégradé, ce qui a nécessité leur évacuation à l'hôpital. «Quatre étudiants ont été évacués jeudi vers l'hôpital. Nous sommes donc dix volontaires à poursuivre notre grève illimitée. Pour le moment, on tient bon», signale Aïssa Maïche, un des étudiants grévistes et délégué à la coordination des étudiants de cette filière au département de chirurgie dentaire de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO). Le mouvement, déclenché le 7 mars, s'est poursuivi dans 7 des 9 départements du pays. La coordination des étudiants dénonce des «pressions inacceptables» exercées sur leurs camarades dans certaines facultés, comme celles d'Oran et de Blida, qui auraient été empêchés d'accéder à leur faculté et se sont retrouvés à la rue. Le ministère de l'Enseignement supérieur n'a pas écarté la décision de décréter une année blanche pour les étudiants grévistes. Selon le secrétaire général de ce ministère, Salah Eddine Seddiki, cette mesure, «plutôt pédagogique et non administrative», sera inévitable au cas où les doyens des facultés concernées jugent ce retard «irrattrapable». Les étudiants grévistes dénoncent la posture du ministère de ne pas reprendre langue avec les délégués. «Nous sommes étonnés par la décision du ministère de se réunir avec les doyens. C'est à croire que ce sont eux qui ont fait la grève de la faim», s'étonne Maïche. L'action engagée par les étudiants en chirurgie dentaire a été lancée après un préavis de grève déposé par la coordination auprès des ministères de tutelle (Santé et Enseignement supérieur) et après la marche nationale organisée dans la ville des genêts. «La coordination a pris soin de déposer un préavis de grève il y a deux semaines. On a tous les accusés de réception. Nous avons proposé l'organisation d'une réunion interministérielle (santé et enseignement) avec la présence de représentants des étudiants. Mais nous n'avons reçu ni réponse ni engagement de la part de la tutelle», regrette le délégué. En grève depuis trois mois, les étudiants comptent poursuivre leur mouvement de protestation «jusqu'à satisfaction de leurs revendications». Ils exigent l'augmentation des postes de résidents et la réorganisation de l'internat (5 au lieu de 2). Ils réclament le passage à l'échelon 16 sur la grille des salaires au lieu du 13 actuellement, «en conformité avec les engagements de la tutelle en 2011, après la réorganisation du régime des études en vue du diplôme de chirurgien-dentiste». Ils demandent également la revalorisation de leur bourse d'études (4000 DA actuellement) à partir du cycle clinique «comme toutes les autres spécialités». La décision du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de recevoir les délégués des étudiants en chirurgie dentaire et en pharmacie n'a rien réglé. Les étudiants des deux filières poursuivent leur grève, malgré les promesses de l'administration. Le délégué de la coordination des étudiants de Tizi Ouzou a remis en cause la composition des représentants reçus en audience par Sellal : «C'étaient des pseudo-représentants. On n'a pas pris en considération leurs décisions», lâche un délégué, en accusant de «manipulation» les représentants des facultés d'Alger et de Tlemcen qui n'ont pas suivi le mot d'ordre de grève.