Le Premier ministre a répondu, sur son compte twitter, aux étudiants en pharmacie en grève depuis plus de deux mois. En déplacement à Addis-Abeba pour participer aux travaux du 26e Forum des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, Abdelmalek Sellal a annoncé son intention de recevoir les délégués des grévistes. «En mission pour le sommet africain, je recevrai vos représentants à mon retour», écrit M. Sellal en reprenant le hashtag «sos_sellal_sauvez_pharmacie» utilisé par un pharmacien. Les étudiants, «satisfaits», attendent leur convocation par les services du Premier ministre qui a pris une décision inédite de répondre à une demande d'intervention sur son compte twitter non certifié. «On attend toujours la convocation de nos délégués par les services du Premier ministre. La rencontre devrait être normalement organisée au courant de cette semaine», relève un délégué de la Coordination nationale des étudiants en pharmacie, contacté par El Watan. En attendant la tenue de la rencontre, les grévistes ont organisé, hier, des rassemblements devant les sièges des directions de la santé (DSP) des wilayas où sont implantés les dix départements de pharmacie du pays. «Nous avons remis des documents pour exiger une audience au ministre de tutelle, Abdelmalek Boudiaf. Comme nous le mentionnons dans nos demandes, nous avons décidé de tenir un rassemblement national devant le ministère de la Santé», annonce-t-il. En grève depuis le 23 novembre 2016, les protestataires dénoncent le «mépris» des services de tutelle qui n'ont pas répondu favorablement à leur plateforme de revendications. Après les actions de terrain, les délégués des grévistes ont été reçus par les secrétaires généraux des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur et, après un rassemblement avorté devant l'APN, par les présidents des commissions de la santé et de l'enseignement, mais sans résultat. Les protestataires revendiquent une meilleure qualité de la formation, la révision à la hausse du nombre de postes de résidanat, la création de nouvelles spécialités. Ils exigent également une revalorisation salariale à travers le passage du 13e au 16e échelon sur la grille des salaires. Soutien indéfectible des pharmaciens, le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) dénonce le reniement par la tutelle de ses engagements depuis la révision des cursus de formation des étudiants en pharmacie et en chirurgie-dentaire. «Après l'action de rue des étudiants en 2011, les autorités ont engagé une démarche qui n'a pas été suivie de mesures concrètes. La première promotion de docteurs en pharmacie et chirurgie dentaire, sortie en 2012, devait choisir entre rester avec l'ancien diplôme et bénéficier d'une formation, ou suivre une année supplémentaire pour obtenir le doctorat. L'arrêté interministériel qui prévoit cette période de formation supplémentaire n'a jamais été publié à ce jour», s'est étonné le Dr Lyes Merabet, secrétaire général du SNPSP, dans une précédente déclaration à El Watan. Le syndicaliste considère que la catégorie dans laquelle ces étudiants sont actuellement classés (13) «ne sied pas à leur diplôme alors qu'ils sont, depuis le décret d'organisation de ces études, docteurs comme les médecins généralistes et les spécialistes». Quelque 12 000 étudiants en pharmacie de 10 départements du pays sont en grève depuis plus de deux mois. Leurs camarades de chirurgie-dentaire, en grève aussi, ont soumis presque les mêmes revendications non encore satisfaites par leur tutelle.