On a à peine pris place dans cette fac. La grève a trop duré. Plus de deux mois pour rien», s'indigne cet étudiant en 1re année pharmacie, rencontré, hier, à la sortie de l'imposante faculté Ziania, à El Biar (Alger), balayée par les vents violents du matin. Ses camarades, qui ont déserté comme lui les amphis de cette faculté et de 9 autres départements du pays, craignent «la validation de l'année blanche», après les menaces qu'auraient proférées les doyens des dix départements et le secrétaire général de l'Enseignement supérieur, «si les étudiants grévistes ne reprennent pas leurs cours dimanche prochain». «Les autorités de l'Enseignement supérieur menacent de valider l'année blanche. On sera alors obligés de passer une année supplémentaire. De cinq ans, le cursus est passé à 6 ans, et maintenant on risque de voir une génération d'étudiants perdre une année de leur vie», appréhende un étudiant de 3e année qui s'étonne de la «légèreté» avec laquelle les deux tutelles de cette filière ont traité les revendications des protestataires. En grève depuis novembre dernier, les étudiants des deux filières (pharmacie et chirurgie dentaire) des départements du pays ont lancé plusieurs actions de protestation sans que leurs deux tutelles (Santé et Enseignement supérieur) ne répondent favorablement à leurs revendications. Les rassemblements organisés à travers les wilayas et devant l'APN ont été parfois violemment empêchés. Les délégués des étudiants seront finalement convoqués à rencontrer le Premier ministre, qui a annoncé son intention de les recevoir via son compte twitter. La rencontre avec Abdelmalek Sellal n'aura pas permis de répondre à toutes les revendications. Le Premier ministre a promis de rehausser l'échelon de 13 à 14, d'ouvrir de nouvelles spécialités (pharmacie industrielle et hospitalière) et d'assistanat. «On est obligés d'accepter temporairement la proposition du passage à l'échelon 14 faite par le Premier ministre, alors que nous avons revendiqué l'échelon 16. Nous continuerons de maintenir l'ensemble des revendications», a indiqué un délégué de la coordination des étudiants en pharmacie, qui s'est réuni avec ses camarades pour décider des mesures à prendre dans les prochains jours. La suspension du mouvement de protestation est tributaire des décisions qui seront prises lors de la réunion à laquelle seront convoqués les délégués des grévistes. «Le Premier ministre a donné instruction pour que nous soyons reçus par les services du ministère de la Santé. Nous attendons la convocation pour nous rendre à la réunion. Elle devrait normalement avoir lieu au cours de la semaine prochaine. Tout se décidera après cette rencontre», signale le délégué. Il affirme que ses camarades ont été «déçus» de l'absence du ministre de la Santé lors de l'audience accordée par le Premier ministre. Les grévistes sont décidés à faire aboutir les revendications liées particulièrement au recrutement des pharmaciens par les établissements sanitaires publics mais aussi privés, à leur intégration dans les services hospitalo-universitaires (CHU), comme les autres spécialités.