Quand le doute s'installe, les âmes fragiles se réfugient instinctivement dans «les voies du Seigneur». Comprendre la difficulté pour tenter de trouver une solution logique, loin de tout mysticisme, n'est pas envisageable chez ces gens-là, au risque que leur incompétence soit révélée au grand jour. Le rempart religieux pour dissimuler l'inavouable prend de l'ampleur à la cadence où les répercussions des problèmes de gestion du pays prennent de l'ampleur à travers les couches sociales. Le ton est donné par le gouvernement qui ne voit plus aucun mal à lancer une opération financière sans intérêt à faire valoir. Bien sûr, l'appel du pied à l'adresse des islamistes manque de sincérité, tant l'objectif escompté en définitive étant d'attirer vers les banques l'argent de l'informel, tout en fuyant une guerre frontale et risquée avec les lobbies de l'import qui détiennent des sommes colossales en dehors du circuit officiel. Aussi, le rempart religieux a été déployé par un chercheur scientifique qui, voulant profiter de la crédulité et de la foi des malades pour vendre sa trouvaille, n'a pas hésité à «l'enrober» de la Miséricorde de Dieu (Rahmat Rabi) avec la bénédiction et le zèle sans égal d'un ministre de la République. L'imbroglio qui s'en est suivi avec le lâchage brutal de l'inventeur autodidacte a semé le doute au sein d'une population qui ne demandait qu'à croire en un génie algérien, longtemps opprimé par un Occident influent et monopolistique. Malheureusement, le mal est fait et les stigmates ne sont pas près de disparaître de sitôt. La méfiance, déjà de rigueur pour tout ce qui vient d'en haut, s'est galvanisée encore davantage avec cette histoire à rebondissements chaotiques. La mauvaise gestion de la communication ayant entouré l'autre affaire, à savoir le décès des nourrissons, a fini par entamer gravement la crédibilité d'un ministère de la Santé dépassé et de toutes ses structures de contrôle aux ordres. La conséquence directe est négative : l'appel au vaccin dans les établissements scolaires a été reçu avec une extrême méfiance de la part des parents d'élèves. Le charlatanisme en vogue dans une société désemparée a atteint des sommets insoupçonnables. Après l'ouverture des cliniques high-tech spécialisées dans la rokia, éclate l'affaire du lycéen de Staouéli rapportée par un confrère. Le clou de l'histoire est que la femme médecin qui a reçu le jeune homme, agité suite à un tour de magie, a fait venir par les soins des agents de la Protection civile un imam du coin pour calmer le malade en psalmodiant des versets coraniques !