Alors que les étudiants en médecine dentaire se concertent pour décider des suites à donner à leur mouvement de protestation – au lendemain de la réunion tenue lundi avec les ministères de l'Enseignement supérieur (MESRS), de la Santé et la Direction générale de la Fonction publique (DGFP)– ceux en pharmacie se dirigent vers la «suspension» de la grève. Sans être satisfaits des «quelques acquis qui se conjuguent au futur», comme les qualifie une déléguée de la fac d'Alger, les étudiants de pharmacie disent qu'on les a eus à l'usure, par les pressions exercées contre les grévistes, les défections des autres sections et la peur de l'année blanche. «Nous attendons juste l'arrêté du Conseil pédagogique pour suspendre la grève. On a installé un comité de suivi pour voir l'évolution des promesses faites et on annoncera très probablement, dans les deux jours à venir, la reprise de cours», informe la déléguée. Du côté des étudiants en médecine dentaire, hier, c'était la journée des assemblées locales, en attendant l'AG de la Coordination nationale, pour décider de l'évolution de la grève. Mais à Tizi Ouzou, la réunion de lundi ne semble pas satisfaire les délégués des médecins dentistes. «Notre principale revendication n'a pas été prise en charge (à savoir le classement à la catégorie 16 de la Fonction publique). Ce ne sont que des promesses comme celles faites en 2011. Il n'y a rien de concret, encore une fois. Je pense qu'on va poursuivre notre grève», regrette le délégué. De son côté, le MESRS espère la fin des perturbations et reproche aux étudiants leur insistance sur un point qui ne peut être résolu simplement. «Sur le classement à la catégorie 16, il faut savoir que même la DGFP ne peut triturer la grille des salaires aussi facilement. Lors de leur réunion avec le Premier ministre, les étudiants se sont vu proposer d'ajouter une année à leur cursus pour répondre aux exigences de cette catégorie. Or, ils ont refusé», explique un représentant du MESRS. Lobbies Présumant de la fin des grèves des deux spécialités (pharmacie et médecine dentaire), d'abord par l'épuisement du mouvements, ensuite par les promesses faites, le responsable espère éviter le recours à l'année blanche que seul le Conseil pédagogique est habilité à décréter. «C'est aux étudiants de prendre leurs responsabilités. Dans quelques jours, il y aura les vacances de printemps. S'ils ne réintègrent pas rapidement, ils risquent de ne pas pouvoir rattraper les cours interrompus, dans certains établissements, depuis novembre dernier. Et puis, il ne faut pas trop compter sur le rattrapage pendant les vacances d'été. C'est une logistique très compliquée à mettre en place», avertit-il. Ainsi, les grèves des étudiants de pharmacie et des médecins dentistes, qui ont révélé aussi bien leurs grandes maturité et abnégation que la lourdeur et le manque de coordination des institutions concernées, pourraient connaître un temps de répit. Ce qui reste toutefois étonnant, mais pas incroyable, c'est qu'au-delà des revendications d'ordre pédagogique portées par les grévistes, d'autres réclamations, surtout celles liées au parcours professionnels, devraient être portées par les syndicats du secteur. Or, ces derniers n'ont pas eu le courage de lever la voix sur ces questions. Il faut dire clairement aussi, que le secteur de la santé est loin d'être un long fleuve tranquille. Les lobbies des médicaments, ceux des équipements médicaux et d'autres encore, ne laisseraient pas un grain intrus faire dérailler une mécanique bien huilée.