Ces jeunes loups ont donc, après vingt-cinq mois de pérégrinations et de paperasse, obtenu le sésame qui leur permet de monter une société de taxi-radio. Avec l'aval de l'Ansej et de la BDL, ils ont démarré leur entreprise. Lancé au début de l'été, en grande pompe avec une quinzaine de véhicules, ce projet a engendré 25 postes d'emploi, dont deux standardistes et 17 chauffeurs. Comme infrastructures, l'entreprise ne dispose que d'un garage et de bureaux très peu meublés. Le lancement de l'activité par le wali de Sétif était prometteur : ce nouveau créneau, né au début des années 2000, devait éliminer le diktat des taxis « indépendants », les vieux réflexes de société dans le domaine des transports et devait aussi permettre au citoyen de bénéficier de la permanence. Le citoyen a accueilli, avec intérêt, cette nouveauté. Fatigué des chauffeurs de taxi grognards et des tas de ferraille roulants, il a vite adopté ce taxi gris à damier, qui affichait un numéro de téléphone et que l'on pouvait contacter à toute heure et qui ne lui faisait pas regretter de prendre un taxi. « Avec l'avènement du taxi-radio, le client, qui est vraiment roi, n'est ni arnaqué ni méprisé par certains chauffards qui ternissent l'image de marque d'une telle corporation. Le taxi-radio, qui a mis du temps à s'introduire à Sétif, qui mérite mieux en matière de transport urbain, doit être renforcé car la concurrence, éliminer les médiocres, améliorer les prestations et se répercuter positivement sur le prix de la course qui demeure relativement élevée », dira Mme Nazha, une habituée de taxi, qui a tenu à lancer un appel pressant aux responsables pour qu'ils assainissent le secteur. Malgré l'engouement du public pour ce type de taxi et celui des autorités de la wilaya pour ce genre d'investissement, ce dernier est victime de l'administration et de la concurrence sauvage et déloyale des autres taxis. Bien que titulaire de tous les documents officiels signés par le ministre des Transports et un registre de commerce en bonne et due forme, les taxis-radio attendent les permis de places pour nombre de chauffeurs. Ces permis ne sont attribués qu'après enquête des services des transports, de la wilaya et de la police. L'administration des transports a attribué des stations isolées à ses véhicules. Ces derniers n'ont pas le droit de stationner, ni de prendre un client, ni au niveau du CHU, ni au niveau de la maternité et encore moins à l'aéroport du 8 Mai 1945. Les taxis jaunes les en empêchent et par la force. Toujours, selon le gérant, plusieurs chauffeurs de taxi ont été agressés physiquement par les chauffeurs de taxi « indépendants ». A l'aéroport, les taxis de Aïn Arnat, ont, semble-t-il, l'exclusivité, et c'est pour cela qu'ils marchandent les clients entre 600 et 800 DA pour un aller-retour qui coûte normalement moins de 400 DA. La direction du transport refuse de prendre position et de trancher les différents cas de figure. La sûreté nationale aussi, toujours selon Saïd le gérant « refuse d'intervenir ou encore d'enregistrer les plaintes pour agression, prétextant son incompétence ». La nuit, à Sétif, la permanence n'est assurée par aucun taxi, seuls les clandestins investissent les stations. Les projets des jeunes investisseurs sont menacés par la bureaucratie et surtout la concurrence déloyale. Taxi-radio est une première qui doit connaître un meilleur sort, la ténacité des investisseurs est à encourager par tous. Un appel est lancé par les gérants de l'entreprise aux autorités de la wilaya pour qu'elles interviennent et mettent un terme à l'anarchie qui règne dans le domaine des transports à Sétif qui attend le tramway et la régie de transport.