L'administration de la culture de la wilaya de Sétif ne semble pas vouloir tirer leçon des erreurs commises ultérieurement dans l'organisation de manifestations culturelles diverses tant locales qu'internationales. D'abord, dans le volet information, aucune information sur les diverses activités n'est faite à l'échelle : le mois du cinéma organisé cette année n'a pas été couvert comme il se doit, de même pour le Festival international de Djemila, les programmes annoncés par la direction de la culture, alors que le Festival était organisé par l'ONCI, subissaient des changements au jour le jour. Les invités étaient tous les jours plus nombreux que prévu, chacun avait des proches, des connaissances qui passaient avant tous les autres. Des responsables se sont assis avec le public, cédant leur place à leurs invités. Durant tout le Festival, les gens de la presse ont été malmenés et galvaudés. Aussi, les billets gratuits ont été « revendus » au prix fort devant la maison de la culture. A noter que les bus réquisitionnés pour transporter les spectateurs ont laissé tomber leurs nombreux passagers. Ne dérogeant pas à ses habitudes, la direction de la culture de Sétif a organisé la première du dernier film de Costa Gavras Mon Colonel. Ce qui aurait dû être une projection devant un public restreint, s'est trouvé un spectacle à large public, ce n'est pas gênant en soi, si ce n'est que comme à l'accoutumée, les invités étaient très nombreux. Chacun y allait de sa générosité, si bien que de nombreux spectateurs se sont retrouvés aux balcons, assis à même le sol, et dire que la maison de la culture est équipée de l'air conditionné. Les sièges ayant été arrachés, selon des responsables de la culture, les vis jonchant le sol. Les cartons d'invitation, confectionnés pour la circonstance, n'ont à nul moment été exhibés ni réclamés. Les infirmes n'étaient pas mieux lotis, ni certains membres de la délégation qui n'ont été sauvés que par quelques chaises en plastique. Si les jeunes et les vieux, assis côte-à-côte, découvraient ensemble les horreurs de la pacification, celle de Saint-Arnaud, de Bigeard ou de Massu et Aussaresses, ils découvraient aussi la dureté du parterre de la salle de projection et les multiples carences de l'organisation. Un Festival du film révolutionnaire était au programme, mais on ne l'a appris que de la bouche d'un intervenant au débat sur le film de Gavras. Beaucoup de spectateurs pensaient que le film ouvrait la voie à une vision plus claire de l'histoire commune à la France et à l'Algérie. Pour beaucoup, les fantômes doivent être affrontés par les deux parties. Certains jeunes, très fiers de leurs portables et de leurs petites copines, n'ont, semble-t-il, pas compris que ce film.