Adoptée par les autorités locales, la politique d'éradication des marchés informels n'a pas donné les résultats escomptés. En effet, la réapparition des charrettes de fruits et légumes dans différents quartiers du chef-lieu de wilaya en est la preuve. L'on impute cette situation au mauvais partage, dont plusieurs bénéficiaires sont étrangers à cette activité clandestine. D'où l'abandon des nouveaux locaux. Il en est ainsi au marché Souk Ellil, du côté du 2e secteur urbain, de la cité Safsaf, ou encore à El Ghzala (la Colonne) pour ne citer que ces exemples. «Au total, plus de 170 stands de fruits et légumes ont été complètement rasés lors d'une opération de démolition, alors que la liste des bénéficiaires ne comptait que 87 commerçants. Bien qu'ils soient détenteurs d'une notification d'attribution depuis l'année 2002, plusieurs d'entre eux ont été exclus. Ce qui nous a obligés à reprendre l'activité à l'informel. Pour d'autres, les nouveaux box attribués ne sont pas attractifs pour la clientèle. Ils ont repris leur activité clandestine plus génératrice de profits que la première», explique Abdelhafid, l'un des marchands ambulants concernés. En exploitation depuis déjà une année, le marché des fruits et légumes de Bouzered Hocine (ex-La Cofel) a été pratiquement déserté par les marchants clandestins bénéficiaires. Sur les 30 stands, aménagés pour la commercialisation des fruits et légumes, seuls trois box sont occupés par des vendeurs. La majorité des bénéficiaires n'ont jamais occupé leurs nouveaux locaux, préférant louer d'autres dans leur quartier initial El Ghzala. «Je préfère louer dans mon quartier El Ghzala, où je suis connu par mes clients. J'ai exploité durant une période le stand qui m'a été attribué dans ce nouveau marché, mais j'ai perdu toute ma clientèle. Il ne faut pas se leurrer, l'endroit où se trouve marché n'est pas convoité et, faut-il le souligner, l'incivisme des citoyens est pour beaucoup dans cette situation. Ils préfèrent les produits vendus dans les charrettes à fruits et légumes que de passer au marché faire leurs emplettes. C'est une réalité», estime Nabil, un autre jeune commerçant installé dans un petit local à El Ghzala. Cette situation, Nabil l'explique par le manque de suivi des autorités locales. Pour lui, «depuis la distribution de ces nouveaux box, aucun représentant des autorités locales n'a daigné rendre visite à ces endroits. Mieux, ils ont attribué ces stands aux jeunes qui, en majorité, ne sont pas dans le besoin. D'ailleurs, ils ont tous abandonné cette activité». Situation presque similaire au marché de la cité Safsaf. Sur les 60 box attribués, il faut compter une dizaine qui ne sont pas occupés. Rappelons que dans le cadre de l'éradication du commerce informel et de la régularisation de l'activité commerciale dans un cadre légal, la commune de Annaba a construit des marchés dans différents endroits. Il s'agit du marché à la cité Safsaf de 60 box, celui à la cité du 8 Mai 45, qui dispose de 87 locaux, et un autre à la cité Bouzered Hocine, de 30 stands. A la cité Didouche Mourad, le marché informel de fruits et légumes n'a jamais été pris en charge.