Option - L'opération d'éradication du commerce informel a contraint plusieurs commerçants de fruits et légumes à ouvrir des locaux pour exercer leur activité dans la légalité. A El-Madania, à Belouizdad (ex-Belcourt), à Bir Mourad Raïs ou au 1er-Mai, comme dans d'autres quartiers, de nouveaux magasins spécialisés dans la vente des fruits et légumes ont ouvert leurs portes ces derniers temps, permettant aux habitants de faire leurs courses tout près de chez eux et loin du tintamarre des marchés informels qui ont marqué l'activité commerciale de la capitale pendant plusieurs années. «Ce n'est pas un choix pris de plein gré. Nous avons été contraints de nous conformer à la législation en vigueur après l'éradication des étals de fortune», attestent certains ex-vendeurs à la sauvette. Ces derniers n'ont pas attendu longtemps pour renouer avec l'activité, tant elle constitue leur principal gagne-pain. Même si les autorités locales avaient promis d'ouvrir de nouveaux marchés où ils pourraient exercer, les concernés ne voulaient observer aucune période de transition. «Il vaut mieux sacrifier pour louer un petit local que de rester inactif pendant plusieurs mois. Si les projets annoncés se concrétisent dans les meilleurs délais, nous allons nous déplacer vers ces espaces commerciaux, d'autant que nous avons payé un loyer pour seulement six mois», a indiqué un commerçant à la place du 1er-Mai. Soucieux de préserver leur clientèle, ces commerçants ont préféré faire leur «reconversion» dans les mêmes endroits et n'ont, de ce fait, que libéré les trottoirs. «Dans d'autres endroits, il existe déjà des commerces, alors que dans ce coin, tous les habitants me connaissent. J'ai loué ce petit garage ici, car je suis certain de garder mes gains au même niveau qu'avant», affirme un marchand de fruits et légumes à El-Madania. Le «coup de balai» effectué contre les marchés parallèles a constitué une aubaine pour les propriétaires de locaux qui ont revu les prix de la location à la hausse. Des augmentations fulgurantes qui ont atteint, dans certains cas, des seuils frôlant l'irraisonnable. Des locaux loués auparavant à 25 000 DA/mois sont aujourd'hui proposés à 40 000 DA, voire plus, d'autres, situés dans de grandes cités, sont passés de 30 000 à 75 000 DA, soit une hausse de plus de 100 %. N'ayant pas les moyens financiers pour faire face aux prix excessifs «dictés» par les propriétaires des locaux, certains ex-commerçants informels ont procédé à la colocation pour poursuivre leur activité. Deux, trois ou même quatre personnes se partagent le prix de location du local pour y exercer ensemble. Contrairement à l'époque où ces commerçants écoulaient leurs produits à des prix défiant toute concurrence, la location d'un local s'est très vite répercutée sur les prix. Ces commerçants sont contraints d'augmenter les prix pour faire face aux différentes charges fiscales et celles liées à la location. Pour leur part, les consommateurs se félicitent de la propreté des quartiers et du fait qu'ils fassent leurs courses dans la sérénité, loin du bruit, de l'insalubrité et des risques d'agression qui les guettaient auparavant dans les marchés parallèles.