Le secteur bancaire est l'un des secteurs qui intéressent le plus les investisseurs arabes. Selon Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF), « il y a au moins cinq partenaires arabes qui ciblent le secteur bancaire et financier ». Des Libanais, des Marocains, des Tunisiens, des Emiratis et des Qatariens ont pris contact avec l'ABEF et présenté des projets de création de banques, a-t-il précisé. Selon lui, la particularité des investisseurs arabes réside dans le fait qu'ils ont été les premiers à avoir investi dans des secteurs hors hydrocarbures, présentés comme des secteurs à risques. « Les partenaires arabes, qui ont découvert notre marché depuis cinq ans, ont investi dans l'industrie d'une façon générale, mais surtout dans le secteur des services. Notre proximité avec eux fait qu'ils connaissent les conditions locales, la réglementation et travaillent avec les Algériens selon leurs méthodes », a-t-il souligné. L'achèvement de la plateforme de paiement a été l'un des facteurs qui ont encouragé les opérateurs arabes à s'introduire dans le marché algérien. « Ils étaient très gênés quand on n'avait pas le système électronique de paiement. Actuellement, 80% de nos chèques sont télécompensés. Il y a donc une sécurité dans les transactions », a-t-il assuré, même s'il reconnaît qu'il y a encore du travail à faire dans la politique des changes. Il estime, cependant, qu'il y a moins de contraintes. Les investisseurs arabes, qui ont une expérience dans le domaine des fonds d'investissements, sont plus disposés à entrer dans le capital d'une entreprise que de financer une activité quelconque. « Ils ne prennent pas des risques de prêteurs, mais des risques de propriétaires. Ils viennent au moment où l'Algérie s'est dotée d'une loi sur le capital investissement », a signalé M. Benkhalfa. D'ailleurs, il n'a pas manqué de relever que « dans les pays du Golfe, les sociétés d'investissements et de capital risque se développent plus que les banques ». Aussi, le message que l'Algérie veut, selon lui, transmettre à ces opérateurs est que la place financière algérienne a amorcé « la deuxième phase de la modernisation des banques, qui ne concerne pas seulement la modernisation des paiements, mais la modernisation des instruments de financement de l'économie. Ce n'est plus le crédit bancaire, mais d'autres formes de financement qui sont, entre autres, le leasing et l'entrée dans le capital ». D'autant plus que l'Algérie s'est dotée d'une réglementation flexible à ce sujet, a-t-il observé. « Les sociétés de fonds d'investissements sont créées par agrément du ministre des Finances et non par agrément de la Banque centrale, donc il y a un peu plus de flexibilité », a-t-il affirmé à ce propos. Les investisseurs arabes sont également très présents dans le secteur de l'immobilier. Il en est ainsi du groupe qatari Al Faisal Holding, qui a réalisé deux tours à Chéraga (Alger), qui seront réceptionnées début 2007, selon Tarek Mahmoud El Sayad, responsable des affaires financières de ce groupe. Ce promoteur compte également construire cinq autres tours dans la même région avec un centre commercial. Le groupe terminera le premier ensemble immobilier haut standing, qui comprend une piscine et des lieux de loisirs, l'année prochaine. Al Faisal Holding a identifié plusieurs opportunités d'investissements en Algérie, a indiqué son responsable des affaires financières. Selon Djamel Zeriguine, directeur de la division des investissements étrangers directs et des conventions au sein de l'Agence nationale pour le développement de l'investissement (Andi), depuis 2000 à fin septembre 2006, les services de cet organisme ont traité des dossiers de projets d'investissements arabes pour un montant de 6 milliards de dollars. Sur ces investissements déclarés, 60% ont été réalisés, dont ceux du groupe Orascom qui a investi 2,4 milliards de dollars, les cimenteries du même groupe égyptien et Wataniya Telecom Algérie. L'année 2007 est plus prometteuse, si l'on tient compte des prévisions de M. Zeriguine. « Il y a de gros projets qui se profilent pour 2007, des projets qui se répartissent sur le secteur de la grande promotion immobilière, le tourisme, les centres d'affaires, le médicament, la production d'électricité et bien d'autres grands projets, qui vont certainement donner une nouvelle dynamique aux investissements arabes en Algérie », a-t-il conclu.