Le délégué général de l'Abef mise sur la compétence humaine pour la bonne gouvernance des établissements financiers. “La plus-value des banques émane de l'ingéniosité humaine. L'élément essentiel de la bonne gouvernance dans le secteur financier est la compétence. Nous commençons à faire face à des problèmes sur le marché des compétences. Il faut tenir des aspects liés à la gestion de carrière, des parcours et au système de rémunération”. Le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), M. Abderahmane Benkhalfa, exhorte les banques à fidéliser les équipes qui permettront à l'avenir de développer les divers services. Il reconnaît l'existence d'un mouvement de cadres dirigeants des banques publiques vers les privées. “Ce ne sont pas des centaines, mais il y a effectivement des compétences avérées ayant leur poids qui ont valsé entre les établissements”, avouera-t-il. Durant l'année en cours, il a été recensé, selon lui, quelque 70 cadres de haut niveau qui ont opté pour ce changement. Cela est imposé, expliquera M. Abderahmane Benkhalfa, par le marché. Il avouera que l'Abef commence à traiter ce phénomène pour mieux le maîtriser car quand ça dépasse un certain seuil, cela devient un problème d'éthique. “La productivité, la performance et la juste rémunération sont autant de paramètres qui déterminent la bonne gouvernance”, indiquera le délégué général de l'Abef. Les banques subissent, constatera-t-il, de lourdes charges qui les empêchent d'évoluer vers une expansion et une bancarisation. M. Benkhalfa propose de ce fait une redéfinition des charges qui pèsent sur les banques pour leur permettre d'atteindre ces deux objectifs. Il estime que les textes de loi en vigueur sont surdimensionnés en matière de contrôle et ne donnent pas la possibilité aux banques d'effectuer une expansion commerciale responsable. Il évoque le contrôle des opérations d'importation et d'exportation, des flux de et vers l'Algérie. Le premier responsable de l'Abef salue, toutefois, le contrôle des opérations de lutte contre le blanchiment d'argent dans le but de moraliser les transactions bancaires. “Contrôle : textes de loi surdimensionnés” “Tout cela va dans le sens souhaité”, précisera M. Benkhalfa. À force de vouloir faire jouer aux banques un rôle très grand en matière de contrôle, on risque, avertira-t-il, d'atténuer leurs capacités en matière de développement des services au profit de leur clientèle. Pour cela, le délégué général suggère de laisser le régime prudentiel qui est assez pointu et c'est la base du contrôle. Il faut également faire assumer un rôle plus important aux acteurs économiques en matière d'opérations de commerce extérieur et ne pas laisser les banques seules face aux incohérences et autres problèmes qui peuvent naître dans ce domaine. Il y a lieu d'atténuer aussi les sanctions pénales qui demeurent, relèvera M. Benkhalfa, trop lourdes. “Le régime des sanctions pénales doit être homogène pour tous les acteurs économiques dans un monde d'affaires en mouvement et non pas seulement sur les banques qui doivent prendre des risques”, soulignera-t-il encore. Au sein des banques, il est recensé, selon M. Benkhalfa qui est intervenu hier sur les ondes de la radio Chaîne III une enveloppe globale de plus de mille milliards de DA disponibles, en quête d'un placement court et non risqué. “Dans un marché en mouvement comme le nôtre, la prise de risque par les banques ne doit pas être considérée comme étant à chaque fois une insuffisance. Dans ce domaine-là, nous allons travailler de sorte à ce que les organismes de tolérance en matière de gestion des risques afin de permettre aux banques de se développer”, affirmera le délégué. La culture du crédit sain est à développer tout en acceptant qu'il y a ait des “déchets” que sont les risques d'impayés qui doivent être gérés par les banques et leurs partenaires. L'idée est de dissuader les banques à aller sur des marchés où il y a des risques importants surtout les risques d'entreprises. En outre, que le comportement des acteurs c'est-à-dire des clients de ces banques qui n'arrivent pas faire face à la concurrence ne soit pas mis, ajoutera-t-il, sous la responsabilité des banquiers. Le délégué général de l'Abef a mis l'accent sur le fossé existant entre la demande et la couverture des besoins en matière de crédits aux entreprises. “Il existe un point bancaire pour 29 000 habitants. Or, il faut avoir un point bancaire pour 15 000 habitants”, estimera-t-il. Sur un autre volet, M. Benkhalfa avoue que la privatisation des banques est un “élément salutaire à même de mixer entre les compétences existantes et celles qui viennent de l'étranger et de booster la bonne gouvernance des banques”, conclura-t-il. Badreddine KHRIS