Une nouvelle fois, Benyamin Netanyahu et son gouvernement de droite défient la communauté internationale et les plus hautes instances mondiales, y compris le Conseil de sécurité de l'ONU, en décidant de construire une nouvelle colonie près de Ramallah en Cisjordanie occupée. Cette fois, il ne s'agit pas de l'élargissement d'une colonie existante, mais de la construction d'une nouvelle colonie sur des terres palestiniennes occupées. Cette décision est la première du genre depuis 25 ans. La décision prise par Benyamin Netanyahu et le cabinet sécuritaire de son gouvernement est un mépris flagrant à l'égard du droit international et de la légitimité internationale. Affaibli sur le plan interne par des scandales (accusation de corruption) à répétition, Netanyahu ne semble pas avoir trouvé mieux pour redorer son image au sein de la droite et de l'extrême droite israéliennes, parmi lesquelles la population des colons, que de construire une nouvelle colonie proche de Ramallah où siège le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Cette décision intervient quelques mois seulement après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution 2334 demandant à Israël de mettre un terme à ses activités coloniales dans les Territoires palestiniens occupés. Une décision qui a pu voir le jour grâce à la non-utilisation par l'Administration américaine de son droit de veto. L'administration Obama avait accompagné son geste d'un message fort au Premier ministre israélien et à son gouvernement, rappelant la nécessité de sauvegarder la solution à deux Etats prônée par l'ensemble de la communauté internationale. La non-utilisation du droit de veto par l'administration Obama avait été ressentie comme une véritable trahison en Israël, qui avait accueilli avec grande joie l'élection de Donald Trump, dont les positions affichées au cours de sa campagne électorale étaient favorables à la politique de Netanyahu et de son gouvernement de droite. D'ailleurs, depuis l'investiture de Donald Trump, le 20 janvier, le gouvernement de Netanyahu a approuvé la construction de près de 6000 unités de colonisation dans les colonies existantes en Cisjordanie occupée, y compris dans la ville sainte d'El Qods (Jérusalem-Est), occupée et annexée en 1967. Des dénonciations sans impact Les Palestiniens, l'organisation israélienne anticolonisation La Paix maintenant, ainsi qu'une bonne partie de la communauté internationale ont dénoncé la décision israélienne de construire une nouvelle colonie en Cisjordanie occupée. «Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son gouvernement de coalition extrémiste et raciste persistent dans leur politique systématique de colonialisme, d'apartheid et de nettoyage ethnique en affichant un mépris flagrant pour les droits de l'homme, l'indépendance et la dignité des Palestiniens», a déclaré Hanane Aachraoui, membre du comité exécutif de l'OLP dans un communiqué. «Israël est plus intéressée par les gages à donner aux colons que par la recherche de la paix», a estimé la responsable palestinienne. «Netanyahu est l'otage des colons et place sa survie politique au-dessus des intérêts de l'Etat d'Israël. En cédant aux colons, Netanyahu conduit Israéliens et Palestiniens tout droit à une réalité à un seul Etat, synonyme d'apartheid», a déploré l'organisation israélienne La Paix maintenant. L'administration américaine de Donald Trump qui a commencé à nouer des contacts avec la direction palestinienne, mettant fin à une période d'ignorance totale du président Abbas, invité à se rendre très prochainement à Washington, a timidement critiqué la décision israélienne. La Maison-Blanche s'est contentée d'avertir, vendredi, que l'expansion «anarchique» de la colonisation en Cisjordanie occupée peut être «un obstacle devant le processus de paix». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a constamment souligné qu'il n'y a pas de plan B pour les Israéliens et les Palestiniens pour vivre ensemble dans la paix et la sécurité. Il condamne toutes les actions unilatérales qui, comme celle-ci, menacent la paix et fragilise la solution à deux Etats, a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse vendredi. «Les activités de colonisation sont illégales en vertu du droit international et représentent un obstacle à la paix», a ajouté le porte-parole de M. Guterres. La Ligue arabe a, de son côté, dénoncé la décision israélienne. Son secrétaire général, Ahmad Abou El Ghit, considère que «Netanyahu n'est pas un partenaire véritable pour la paix». Mais la plus forte réaction vient de l'Union européenne (UE) qui a considéré la décision israélienne comme un pas empêchant la solution à deux Etats. Federica Mogherini, la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la sécurité, a souligné dans un communiqué que «toutes les colonies bâties dans les Territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est (El Qods), sont illégitimes selon le droit international et représentent un obstacle et une menace pour la solution à deux Etats». L'UE a appelé, par ailleurs, Israël à arrêter toutes les activités de colonisation et de démanteler les colonies construites après 2001, conformément aux obligations prises dans le passé, a ajouté Federica Mogherini. Toutes ces dénonciations prouvent que la communauté internationale sait que le principal obstacle devant tout processus de paix est le gouvernement israélien et sa politique visant à empêcher l'établissement d'un Etat palestinien vivable doté d'une continuité territoriale. La question, qui se pose aujourd'hui, est de savoir combien de temps encore la communauté internationale doit-elle attendre avant de prendre des mesures capables d'obliger l'occupant israélien à respecter le droit international. Dans quelque temps, avec l'expansion incessante de la colonisation, la solution à deux Etats deviendra impossible et laissera la place à un Etat avec un régime d'apartheid, pire que celui qui a sévi en Afrique du Sud.