La nouvelle loi israélienne en faveur des colons viole la législation internationale, a estimé mardi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans un communiqué. M. Guterres "regrette profondément" l'adoption de cette loi, qui permet à Israël de s'approprier de nouvelles terres palestiniennes en Cisjordanie occupée. Elle "est en infraction avec la loi internationale et aura d'importantes conséquences juridiques pour Israël", a affirmé M. Guterres. Le chef de l'ONU a souligné la nécessité d'éviter de prendre "des mesures qui feraient dérailler la solution à deux Etats" et que ces questions devaient être résolues par la négociation. Adoptée dans la nuit de lundi à mardi par le Parlement israélien, cette loi autorise l'Etat israélien à s'approprier, contre compensation, des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans autorisation en Cisjordanie occupée. La loi protégera les colons d'évictions comme celle, la semaine passée, de la colonie "sauvage" d'Amona, selon ses promoteurs. Elle devrait revenir à "légaliser" 53 colonies dites "sauvages" et à exproprier au minimum plus de 800 hectares de terres palestiniennes, estime l'organisation israélienne la Paix maintenant. Dénoncée comme un crime de guerre, un vol légalisé ou un pas de plus vers l'annexion de la Cisjordanie, la loi a scandalis é les Palestiniens et les défenseurs d'une solution à deux Etats. De Londres au Caire - siège de la Ligue arabe -, en passant par Paris, Berlin, Ankara ou Amman, elle a suscité une série de condamnations de la communauté internationale, ouvertement inquiète d'un nouveau coup porté à une paix insaisissable entre Israéliens et, Palestiniens. En revanche, de façon tout à fait inhabituelle, les Etats-Unis n'ont pas fait de commentaire. Adoptée par 60 voix pour et 52 contre, la nouvelle loi devrait être attaquée devant la Cour suprême, et "l'administration Trump se gardera de commenter cette loi avant toute décision de justice", a dit un responsable du département d'Etat. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit discuter des colonies israéliennes le 15 février. HOLLANDE ET ABBAS REJETTENT VIVEMENT LA NOUVELLE LOI Les présidents français et palestinien, François Hollande et Mahmoud Abbas, ont vivement rejeté mardi à Paris une loi israélienne qui doit permettre à Israël de s'approprier de nouvelles terres palestiniennes en Cisjordanie occupée. "Dans un défi flagrant aux souhaits de la communauté internationale (...) le gouvernement israélien a présenté un projet de loi hier à la Knesset qui autorise le vol des terres palestiniennes privées au profit des colons et qui légalise de manière rétroactive les colonies sur l'ensemble des terres palestiniennes occupées depuis 1967", a dénoncé M. Abbas. "Cette loi est contraire au droit international", a insisté le dirigeant palestinien, au côté du président français, lors d'une déclaration conjointe. UNE AGRESSION CONTRE LE PEUPLE PALESTINIEN Evoquant aussi "les dernières déclarations du gouvernement israélien sur la construction de milliers de logements dans nos terres occupées depuis 1967", M. Abbas a lancé : "c'est une agression contre notre peuple, à laquelle nous nous opposerons dans les institutions internationales". "Je veux croire qu'Israël et son gouvernement peuvent revenir sur ce texte et peuvent reculer", a déclaré pour sa part François Hollande, en s'alarmant d'une "accélération des colonisations" qui complique les efforts en faveur de la paix. Ce texte, s'il est confirmé par la Cour constitutionnelle, aura pour conséquence de "légaliser les colonies sauvages" et conduira "à une annexion de fait des territoires occupés", a-t-il déploré. Dans une allusion au possible transfert de l'ambassade des Etats-Unis en Israël, évoqu é par le président Donald Trump, François Hollande a mis en garde contre une "décision unilatérale de l'administration américaine qui aurait (...) des effets particulièrement graves". "Toute mesure en ce sens" pourrait "contribuer à détruire la solution politique" du conflit israélopalestinien, a renchéri M. Abbas. D'une manière générale, a poursuivi le président palestinien, "ce que fait Israël, c'est en fait travailler pour un Etat sur la base du syst ème de l'apartheid".