Malgré les litiges ayant surgi au lendemain des grands sinistres, comme celui de la plateforme pétrochimique de Skikda, les assureurs algériens, présents à Annaba la semaine dernière, ont estimé que la locomotive assurance-réassurance redémarre bel et bien en Algérie. En témoigne des informations que certains ont communiquées même si, ont-ils précisé, le secteur de l'automobile représente 48% du chiffre d'affaires global en termes de contrats. Un avis que partagent les experts et les courtiers en assurances. Ils étaient tous à l'hôtel Seybouse International Annaba à l'invitation qui leur avait été adressée par la Compagnie algérienne d'assurance et de réassurance (CAAR). Ils avaient écouté les explications fournies par des experts sur les dispositions de la loi n°06/04 du 20 février 2006. Elle modifie et complète l'ordonnance n°95/07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances. Y sont alignés le contrat d'assurance, les assurances obligatoires, l'organisation et le contrôle de l'activité d'assurance. M. Kassali Brahim Djamel, le président directeur général de la CAAR, a présidé aux débats sur ces questions dans le cadre du séminaire que sa compagnie a organisé sur le thème : « Les assurances des entreprises ». Dans son discours d'ouverture exprimé devant des dizaines d'opérateurs économiques nationaux et étrangers, experts, universitaires et conseillers d' organismes d'assureurs, il a implicitement reconnu que les dispositions de la loi n°06/04 sont une véritable thérapie de choc. C'est aussi l'avis de bon nombre de participants pour qui, la loi 06.04 intervient dans un contexte d'importantes perturbations du secteur. L'on a cité pour l'exemple les litiges survenus au lendemain des grands sinistres tel celui de la plateforme pétrochimique de Skikda et, à un degré moindre, celui du complexe Mittal Steel El Hadjar. L'on a même parlé d'assurances liées aux catastrophes naturelles comme le tremblement de terre de Boumerdès et de l'assurance voyageurs. Il était temps. La situation des assurances en Algérie était devenue de plus en plus préoccupante. Dans les coulisses du séminaire, le ton a été donné sur l'exigence de rationalisation globale du réseau des assurances en fonction des activités économiques. L'on a également soulevé la question de la nécessaire remise en ordre interne de chaque assureur. Une rationalisation qui devrait intervenir pour stimuler l'activité d'assurance et l'amélioration de la qualité de service, la sécurité financière des entreprises d'assurance, le renforcement du contrôle et de la surveillance des activités d'assurance. Abordée également, l'ouverture du marché des assurances aux capitaux étrangers. Sur ce point l'on est resté dans le vague si ce n'est qu'elle concernera les bureaux de représentation des sociétés d'assurances et ou de réassurance étrangère, leur activité orientée vers des actions de soutien à la société-mère, c'est-à-dire non commerciale et l'ouverture de succursales d'assurance étrangères après agrément par le ministère des Finances. C'est certainement pour se plier à cette exigence de rationalisation que la CAAR organise régulièrement des rencontres, séminaires, journées d'études… Ils sont destinés à sa clientèle de différents niveaux d'assurances et à ses partenaires nationaux et étrangers de la réassurance. MM. Laiche Zohir, Bouzid Ali et Issad Ahmed, respectivement directeur adjoint technique, chef de la division technique et conseiller auprès de la direction générale CAAR, n'ont pas raté l'occasion de montrer tous les atouts dont dispose leur compagnie. Ils ont axé leurs interventions sur le programme d'assurance des PME/PMI, les catastrophes naturelles des risques industriels et les objectifs visés par la nouvelle loi 06/04 sur les assurances. Dans le lot de leurs auditeurs très attentifs, il y avait plusieurs opérateurs économiques chinois, espagnols, belges, français, tunisiens. Cet intéressement est dû à la 3e place qu'occupe la CAAR dans le secteur des assurances algériennes en termes de chiffre d'affaires (C.A). En 2005, la CAAR a réalisé un CA de 6 milliards de dinars avec un taux d'évolution de 58% comparativement à 2004. La compagnie s'est également octroyée 15% des 73% des parts du marché des assurances en Algérie globalement à dominance publique. Un taux d'évolution constante dépassant les 40 milliards de dinars en primes toutes branches confondues et une amélioration de la densité d'assurance passant de 1106,8 dinars en 2004 à 1266 dinars en 2005, situent la CAAR sur le marché des assurances. Comment peut-il en être autrement ? D'autant que la compagnie marque une courbe ascendante en matière de solvabilité et une progression des résultats comptables de l'ordre de 111% en 2005 par rapport à 2004. Cette progression la classe première compagnie à l'échelle nationale. Dans les propos de M. Kassali il n'y avait que progression, augmentation, amélioration, solvabilité, rigueur. Des propos argumentés par des chiffres de résultats en constante hausse et des frais de gestion d'à peine 2 milliards de dinars en 2005. Ces arguments en disent long sur l'ambition des gestionnaires à persévérer pour construire un solide réseau d'assurances et de réassurance et de nouer de judicieuses relations de travail avec ses partenaires en amont et en aval de l'activité. L'actualisation des valeurs est un autre sujet du séminaire. M. Ghana Abdallah, expert à l'EXAL, a été sollicité pour livrer ses impressions sur la question. La lecture, d'une certaine manière, des différentes étapes des valeurs et l'édition des résultats pour constituer une banque de données. M Ghana a offert à son auditoire une panoplie de techniques utilisées pour l'évaluation au niveau des entreprises dont les 3 plus importantes sont l'analyse du patrimoine de l'entreprise. L'analyse de la rentabilité de l'entreprise, du bien immobilier ou de l'outil de production. La méthode dite comparative se basant sur les transactions ayant eu lieu dans le même secteur d'activité ou en comparaison avec les sociétés cotées en bourse. Pour la CAAR, l'actualisation des valeurs relève de l'incontournable. Elle donne à l'assureur les moyens de l'évolution des valeurs imposée par les leaders du métier. Autre challenge lancé par le président directeur général de la CAAR : atteindre une taille crédible sur le marché des assurances et de réassurance dans le domaine des indemnisations. Ces dernières ont atteint 32 milliards de dinars en 2005 principalement dus au règlement du risque Sonatrach 52,361 milliards de dinars. Il est précisé qu'en 2005, les activités de la réassurance ont comptabilisé des cessions de l'ordre de 2,5 milliards DA soit 18% de l'ensemble du marché s'élevant pour la même année à 13,4 milliards de dinars. Volonté, temps et patience, telles semble être pour le président-directeur général de la CAAR, les clés de la réussite de son entreprise publique économique où l'on privilégierait l'esprit de groupe et d'initiative.