Le Premier secrétaire du FFS, Abdelmalek Bouchafa, ne cache pas sa colère et accuse les oligarques «qui travaillent, jour et nuit, pour éloigner les jeunes de la politique et pour coloniser et miner l'espace politique à coup de milliards de dinars de l'argent sale» ! Pour le responsable du plus vieux parti de l'opposition, l'objectif de cette oligarchie est de faire élire «des candidats au service des législations qui sauvegardent le statu quo, légalisent la prédation des ressources, monopolisent le capital et détruisent le secteur public et les valeurs de l'intérêt général». Il se dit quand même contre toute fatalité, appelant les jeunes à s'engager en politique pour éviter la violence, «allié naturel de la dictature». Plus optimiste que lui, le patron du parti du FLN, Djamel Ould Abbès, prédit une participation (cette obssession du pouvoir) à plus de 50%. Ne manquant pas d'humour il déclare, en donnant des instructions aux cadres et candidats du parti : «Il faut que le travail soit collégial. Personne ne doit commander l'autre. Il n'y a pas de zaïmisme, mais de la concurrence. Il faut aussi une coordination quotidienne». Venant d'un apparatchik du vieux parti, cela frise l'indécence. Dimanche Après les insultes du wali d'Alger («hraymiyya») et la censure imposée par le ministre de la Communication contre les boycotteurs des législatives, voilà Hassen Aribi, député islamiste qui les qualifient de «mécréants», de «semence sioniste et gaulliste dont la mission est de parasiter la mémoire du peuple», de «soutiens des puissances étrangères qui veulent déstabiliser le pays». Rien que ça ! Comme apparemment personne n'a remis à sa place ce drôle de personnage qui, au passage, affiche de prétendues accointances avec l'Etat profond, ex-DRS compris, il pourra encore longtemps nous faire bénéficier de la pertinence de ses «analyses». On apprend le même jour que le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, a demandé aux walis et aux chefs de daïra de mener des campagnes de sensibilisation auprès des citoyens en vue d'assurer une forte participation au scrutin du 4 mai. Une occasion en or pour ces commis de l'Etat de rencontrer enfin leurs administrés ! Ça change de lire uniquement les BRQ. Lundi D'autres oubliés aussi : les Algériens de l'étranger dont les autorités se rappellent l'existence qu'à l'approche d'élections. On saura ainsi que douze listes de candidats seront proposées aux Algériens résidant dans la zone IV regroupant le continent américain et les pays européens sauf la France. On apprend aussi que le nombre de sièges à pourvoir dans cette circonscription électorale, dont le siège est à Washington DC, est fixé à deux. Les bureaux de vote seront ouverts du 29 avril au 4 mai à Washington DC, Raleigh en Caroline du Nord, Denver (Colorado), Chicago (Illinois), Los Angeles et San Fransisco (Californie), Boston (Massachusetts, Jersy city (New Jersey), New York (New York), Houston (Texas), Philadelphie (Pennsylvanie), Fort Lauderdale (Floride) et Ann Arbor (Michigan). C'est tellement exotique qu'on préfère lire la dépêche APS en anglais ! Retour au pays : la sphère facebookienne est partagée entre hilarité et consternation en partageant les photos des panneaux d'affichage de la campagne : obstruant des escaliers ou un passage piétons, gênant une école, etc. Au point qu'on arrive à penser que c'est une stratégie cachée pour faire dégoûter les gens de ces législatives. Paradoxe. Mardi Abderrezak Makri ne s'en cache même pas, l'objectif caché derrière la participation aux élections et le «lâchage» de la dynamique Mazafran, est la participation à une sorte de gouvernement d'union. Bon, il conditionne cette participation : «si les élections ne sont pas fraudées et si nous arriverons à nous mettre d'accord sur la vision politique et économique». Deux conditions impossibles, mais qui en disent long sur la volonté du leader islamiste pour rentrer dans le gouvernement avant de quitter définitivement le front de l'opposition qui s'est beaucoup fissuré depuis. Par ailleurs, on apprend que la wilaya d'Alger a consacré 1480 espaces pour l'affichage des listes électorales. Le directeur de l'Administration locale, chargé des élections et des élus, Ahmed Bouahmed, ose affirmé les yeux dans les yeux de l'APS que «ces panneaux d'affichage ont été installés dans des lieux appropriés permettant aux citoyens de les consulter». On appelle cela une vérité alternative. C'est à la mode. Mercredi «Fermer la porte à ces appels (au boycott) ne constitue pas une forme de dictature comme certains veulent le faire croire, mais rentre dans le cadre du programme de travail du ministère inspiré des orientations du président la République visant à mettre sur pied une presse objective et intègre qui tient compte de l'intérêt suprême de la patrie». C'est ce qu'on entend à la radio étatique, paroles de sagesse proférés par le ministre de la Communication, qui finira par faire apprendre le métier de journaliste à la planète entière. Nous pouvons, ici, légitimement, nous demander ce que pense le chef de l'Etat quand ses ministres parlent ainsi à sa place. A méditer. Pendant ce temps, on a un heureux, le président de la très Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, qui s'emballe : «Tous les observateurs internationaux auxquels des invitations ont été adressées par voie diplomatique en prévision des législatives ont répondu favorablement. Ils seront entre 310 et 320 observateurs». Enthousiaste, il détaille : «150 observateurs sont issus de la Ligue arabe, 150 autres de l'Union africaine (UA), une vingtaine de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), outre des observateurs de l'Union européenne (UE) et de l'ONU». Il n'a pas sauté de joie, mais c'était tout comme. Oublie-t-il deux choses ? Un, envoyer des surveillants étrangers est déjà un indice de sous-développement politique. Deux, à quoi servent ces gentils émissaires alors que la fraude n'est pas que technique : quand on interdit des partis, quand on empêche l'expression de l'opposition à longueur d'année, quand on intimide les opposants, quand on cache à tout le monde le fichier électoral,… C'est cela la vraie fraude M. Derbal ! Et vous le savez en plus. Qu'ils profitent bien de l'Aurassi ou d'El Djazair, méchoui et salade de fruits à profusion, vos observateurs : ça fera au moins des chiffres pour le tourisme national. Jeudi La présidence de la République a mis en congé les ministres candidats. Ces derniers seront remplacés par leurs collègues intérimaires. Ainsi, Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, est remplacé par Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses. Noureddine Bouterfa, ministre de l'Energie, remplace Abdelkader Ouali au ministère des Ressources en eau et de l'Environnement. Mohamed Mebarki, ministre de la Formation professionnelle, prend en charge le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à la place de Tahar Hadjar. Boudjemâa Talai, ministre des Transports et des Travaux publics, est remplacé par Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé. La ministre chargée des Relations avec le parlement, Ghania Idalia, est remplacée par Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture. On ne vous dit pas le chambardement dans les cabinets des ministères ! On apprend aussi que, ayant décidé de sillonner les 48 wilayas durant la campagne pour le compte de son parti, le RND, Ahmed Ouyahia prendra un congé spécial de son poste de directeur de cabinet. Il va laisser un vide immense à El Mouradia. Déjà que…