La conférence de Nairobi sur l'environnement s'est achevée dans un climat – et c'est le mot approprié – quelque peu mitigé. Il y a eu, certes, une bonne note finale avec cette recommandation d'engager dans divers points de la planète un vaste processus de reforestation. L'Amazonie, de larges pans du Canada et sans doute toute l'Afrique sont prioritairement concernés. Pour les dix, quinze années à venir – en tout cas jusqu'à l'expiration du protocole de Kyoto sur le climat en 2012 –, les grands équilibres écologiques dépendent de la mise en œuvre d'un programme de reboisement intensif qui a la configuration d'un plan de sauvetage. Sous les effets d'une industrialisation à marche forcée, le globe terrestre se dessèche comme un grand corps malade. Les experts, qui viennent de se réunir dans la capitale kényanne, ne pouvaient pas faire moins, face à un désastre environnemental rendu presque inéluctable, que de donner à l'humanité quelques raisons de se raccrocher à l'espoir ténu de s'en sortir. Les résolutions de Naibori sur la reforestation de la planète sont une bouée de sauvetage au regard de l'intransigence des grandes puissances industrielles et leur parti de maintenir leur cadence de production sans se soucier des incidences mortifères sur le climat. Il est, d'ailleurs, significatif que les Etats-Unis, première puissance mondiale, soient aussi le pays qui n'a pas signé le protocole de Kyoto. Or, du fait de son omnipotence, l'industrie américaine est le protagoniste majeur du réchauffement de la planète. Ce n'est pas un simple effet de style, mais un réel danger, une question de vie ou de mort pour nombre de peuples de la Terre. Réputées grandes pollueuses, les industries américaines, tous formats et secteurs d'activités confondus, se détournent de façon obstinée des ravages subis par la planète sous l'emprise des gaz à effet de serre. A cela s'ajoute le travail de sape d'immenses étendues forestières qui contribue, avec le fauchage de tous ces arbres en Amazonie, en Afrique, au Canada et en Russie, à amputer la planète de ce qui lui sert de poumons. Dans ce cas de figure, la logique industrielle entraîne des conséquences tragiques pour des populations qui, notamment en Afrique, voient leur cadre de vie bouleversé, car les composants nécessaires à faire tourner la machine industrielle en Europe ou aux Etats-Unis ont des retombées destructrices sur les cultures traditionnelles qui ignoraient le recours à la chimie. Ces peuples observent bien que l'agriculture qu'ils ont toujours pratiquée ne peut pas sortir indemne de la rencontre avec les défoliants et autres pesticides. Ce concept de culture traditionnelle, à l'aune de la globalisation, se heurte à une stratégie de production intensive qui n'est jamais à taille humaine. C'est au nom d'une course effrénée à la rentabilité que des grands groupes industriels n'ont pas hésité à arracher aux peuples forestiers du Congo ou de l'Amazonie, par exemple, leurs espaces de vie pour y substituer, souvent avec brutalité, un espace de profit. C'est alors une vision généreuse que celle de la conférence de Nairobi d'un monde où les solidarités devront nécessairement s'exprimer autour d'une planète que chacun a la responsabilité de préserver du pire. Que restera-t-il, en effet, à l'humanité lorsque les régions polaires se seront confondues avec le désert et que les seuls paysages qui s'offriraient aux regards seront ceux d'une tragique désolation ?