Echirk Djamel, inspecteur général de l'environnement et membre du Fonds mondial pour l'environnement, était présent parmi les représentants de l'Algérie à la 8e conférence des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Quel rôle peut jouer l'actuelle conférence dans la lutte contre la désertification ? C'est une conférence à caractère traditionnel, la huitième du genre en fait. Elle se tient tous les deux ans, en regroupant l'ensemble des pays et ONG parties prenantes de cette convention des Nations unies de lutte contre la désertification. Son rôle est de réunir ses partenaires et parties prenantes concernées par la lutte contre la désertification. Les pays affectés et donateurs sont membres de l'organisation des Nations unies. L'enjeu est de discuter de l'ensemble de la problématique de la mise en œuvre de cette convention, comment l'appréhender, comment financer les projets et différents programmes de lutte contre la désertification. Comment s'adapter à la problématique de l'heure qui est le changement climatique et atténuer ses effets directs sur la pauvreté et l'émigration. Dans ce type de conférences qui durent deux semaines, tous les points sont traités, les aspects financiers, techniques, politiques, cela débouche sur un certain nombre de recommandations avalisées par le segment de haut niveau qui est le segment ministériel. Parmi les questions qui sont à l'ordre du jour, il y a d'abord le budget, c'est la seule convention de l'ONU qui ne dispose pas d'un mécanisme financier propre. A l'inverse de la convention sur la diversité biologique ou celle sur le changement climatique qui disposent à travers le fonds de l'environnement mondial d'un mécanisme financier qui finance tous les projets inhérents à ces deux domaines prioritaires, la convention de lutte contre la désertification dispose elle d'un instrument hybride un peu spécifique que nous appelons le mécanisme global, qui n'est pas un mécanisme financier ni un fonds. Il a beaucoup plus pour mission d'essayer de mobiliser des fonds au profit des programmes de lutte contre la désertification. Ce qui est complètement différent des autres conventions, ses ressources restent un peu aléatoires. L'Algérie a participé aux efforts pour faire admettre que ce domaine de lutte contre la désertification, comme un domaine éligible au fonds de l'environnement mondial au même titre que le changement climatique et la diversité biologique. Cela va-t-il aider à mettre en application la convention ? Cela va aider à financer par exemple la mise en application de programmes nationaux, qui doivent être d'abord élaborés au niveau des pays. Que propose ladite convention pour les pays atteints par le phénomène de la poussée désertique ? La convention est le cadre des Nations unies et ratifiée par l'ensemble des pays membres de l'ONU qui se sont entendus sur des engagements qu'ils prennent vis-à-vis de cette problématique, qui est à la fois nationale, régionale et mondiale. Donc, le cadre est tracé en termes d'actions, d'engagement, de partenariat. Maintenant dans la mise en œuvre, c'est chaque pays en fonction de ses spécificités et priorités et c'est là où interviennent les capacités, soit financières, soit techniques, pour mettre en application des programmes qui soient adaptés aux problématiques locales ou régionales. D'un pays à l'autre, la donne peut changer, donc les réponses aux problèmes d'ordre national ne sont pas toujours les mêmes. Qu'en est-il du cas Algérie ? L'Algérie a élaboré son plan d'action national, elle dispose d'un certain nombre de projets et de programmes, notamment en termes de reforestation, de développement rural, qui entre dans ce cadre de la lutte contre la désertification et, par extension, de la réduction de la pauvreté. Comme vous le savez, cela touche beaucoup plus le monde rural et paysan, c'est à ce niveau qu'il faudrait agir, pas uniquement au Sahara, au niveau des Oasis. En Algérie, le désert avance vers le nord et touche un certain nombre de terres arables qu'il s'agit de préserver au même titre que les ressources forestières qui sont extrêmement importantes, non seulement pour lutter contre l'érosion des terres, mais aussi cela constitue des puits de carbone dans la limite où cela permet d'absorber tout ce qui est pollution concourant aux changements climatiques dont nous ressentons les effets aujourd'hui. En termes de menaces, jusqu'à quel point l'Algérie est-elle menacée par la poussée désertique ? L'Algérie ne se distingue pas par rapport à l'Afrique qui est le continent le plus menacé. D'abord parce qu'elle abrite le plus grand désert du monde, ensuite elle appartient à un continent qui sera le plus touché par les effets des changements climatiques en termes de sécheresse, bouleversement des cycles de précipitations, d'incendies de forêts et, malheureusement, c'est le seul continent qui va continuer à connaître une croissance de la pauvreté dans les années à venir. Donc l'Algérie étant un pays africain ne peut pas être épargnée par tous ces effets, que ce soit sur le plan économique, environnemental ou du développement. De quelle manière contribue l'Algérie à la lutte contre la désertification ? L'Algérie a été le promoteur de l'Année internationale des déserts de l'année 2006, cela a été approuvé par l'Assemblée générale des Nations unies lors de sa 58e session à l'initiative de l'Algérie. Elle a été à travers son ministre Cherif Rahmani désigné ambassadeur porte-parole honoraire pour l'Année des déserts, donc l'Algérie a un rôle appréciable et estimé et occupe aussi à travers ma modeste personne une place de choix au conseil d'administration du Fonds de l'environnement mondial. Nous représentons les pays de l'Afrique du Nord en plus de l'Egypte, c'est supposer que l'Algérie occupe une place de choix. Et en termes de contribution financière ? Non, l'Algérie n'a pas contribué de cette manière, mais elle a contribué à travers un certains nombre de manifestations. Il faut dire que le lancement de l'Année des déserts s'est fait à Alger, et la clôture sous la présidence du président de la République lors d'une conférence internationale coorganisée avec les Nations unies à Alger sous la thématique « Lutte contre la désertification et l'impératif international de politique de soutien ». Cette conférence a fait l'objet de résultats importants dont les documents continuent de susciter des discussions. L'Algérie aujourd'hui a fait adopter par le conseil d'administration du forum ministériel mondial de l'environnement un projet de recommandations à l'assemblée générale des Nations unies pour qu'elle proclame la décennie 2010-2020 comme la décennie des Nations unies et comme décennie des déserts et de la lutte contre la désertification. Une recommandation qui a été adoptée par le programme des Nations unies pour l'environnement et, aujourd'hui aussi, nous avons introduit cette initiative pour la faire adopter par la conférence des parties. Existe-t-il une coopération intra-africaine pour lutter ensemble contre ce phénomène ? Oui, le cadre le plus important et où l'Algérie a joué un rôle extraordinaire, c'est le Népad. Ce dernier comporte un plan stratégique pour la protection de l'environnement qui englobe notamment et surtout la lutte contre la désertification. Je voulais donc signaler que l'Algérie a été le pays qui a abrité la réunion de préparation et d'élaboration de ce plan d'action et avait aussi organisé une réunion des bailleurs de fonds internationaux, il y a deux ou trois ans, pour le financement adéquat du programme environnemental.