Les filles sont plus agressives que les garçons », telle est la conclusion à laquelle sont arrivés deux chercheurs dans une étude réalisée en milieu scolaire, ayant fait l'objet d'une communication au colloque, le premier du genre, que le département de psychopédagogie de l'université Khider de Biskra, avec la collaboration du laboratoire des langues et cultures algériennes, vient de clôturer. La rencontre qui a duré deux jours avait pour thème : « Réalité de l'enfance en Algérie », un thème sur lequel « ont planché une quarantaine de chercheurs des diverses universités algériennes », précisera le professeur N. Djaber, président du comité de préparation de ce colloque. Un colloque « qui nous permettra de défricher le terrain pour une rencontre internationale qui aura lieu l'année prochaine à la même époque avec la collaboration d'éminents chercheurs français », ajoutera le chef du département de psychologie de l'UMK. Les spécialistes et autres psychopédagogues de ce colloque conviennent avec N. Djaber que jusqu'à une date récente, les autorités algériennes n'accordaient que peu d'intérêt aux problèmes qui se posaient avec acuité aux enfants algériens, en général, et à ceux qui versent dans la délinquance juvénile, en particulier. Pour Aïcha Nahoui, la prise en charge psychologique des adolescents sujets à des troubles du comportement se fait rarement au moment voulu. « La plupart du temps tardivement, et ce, après avoir consulté sans résultats probants plusieurs… talebs. » Lorsque l'enfant est devenu un cas pathologique relevant de la psychiatrie, la famille fait appel au psychologue privé ou travaillant dans une institution d'Etat. De plus, il y a pour le moment l'aberration de l'inexistence de statut pour les psychologues. D'autres intervenants notent, statistiques à l'appui, que les recherches faites dans ce domaine montrent qu'un grand pourcentage des enfants scolarisés qui souffrent de multiples troubles comportementaux sont abandonnés à leur sort. Pour le docteur T. Brahimi, la complexité du traitement des problèmes liés à l'enfance et la nature des représentations, que se fait la société du jeune, considéré tantôt comme « objet sacré », tantôt comme « sujet à risque », sont révélatrices des attitudes de la société comme des pouvoirs publics à l'égard de l'enfance ; d'où la nécessité de créer, comme le stipule une recommandation de ce colloque, une institution de réflexion et de recherche dont le champ de compétence couvrira aussi bien les questions que les réponses thérapeutiques à ce phénomène, comme les réponses préventives et pourquoi pas pénales au durcissement de la délinquance des mineurs avec notamment l'instauration de centres éducatifs ouverts pour soustraire les adolescents aux « écoles de la récidive » que sont devenus les centres pénitenciers algériens dans la mesure où la délinquance des jeunes serait, pour une forte part, à l'origine du sentiment d'insécurité sinon de l'insécurité elle-même observés dans notre pays. Quoi qu'il en soit, l'identification des problèmes que nous posent « l'enfance et la jeunesse de notre pays », la nature des réponses apportées ou encore la conciliation des logiques d'urgence et d'intervention à court et à long terme, en matière de délinquance juvénile, interpellent, au-delà des pouvoirs publics, la société dans son ensemble.