La chaîne publique n'ouvre ses plateaux à l'opposition qu'à l'occasion des rendez-vous électoraux. Le directeur général de EPTV, Toufik Khalladi, se défend en invoquant le cahier des charges. L'ouverture des médias lourds publics aux partis politiques de l'opposition revient à nouveau au devant de la scène. L'Entreprise publique de la télévision (EPTV) est, à l'occasion de cette campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain, au centre d'une polémique. Des partis reprochent aux responsables de cette chaîne publique de «prendre partie pour les formations politiques du pouvoir». Pour eux, les portes de l'EPTV ne leur sont ouvertes qu'à l'occasion des élections. En dehors de cette période, estiment les représentants de plusieurs partis, «les messages de l'opposition ne passent pas» ou, dans les meilleurs des cas, «sont complètement altérés et sortis de leur contexte». Dans le même temps, les partis au pouvoir bénéficient, de l'avis de tous les observateurs, d'un traitement de faveur. Lors de leurs congrès respectifs, le FLN et le RND ont bénéficié, chacun, d'une dizaine de minutes, voire plus dans le journal du 20h. En plus, les couvertures des deux activités partisanes avaient pris des allures de spots publicitaires pour ces deux formations. Plus aucune autre formation politique de l'opposition n'a eu droit ne serait ce qu'à une partie infime de ce traitement. Cette vieille polémique autour de la chaîne publique est ressuscitée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a décidé de la boycotter. «On ne peut prétendre vouloir une participation massive des citoyens à ce scrutin quand on ferme les médias publics à tout débat. La dernière apparition d'un responsable du RCD remonte à 2007, c'est moi-même qui ait représenté le parti pour commenter les résultats des élections locales en 2007», explique le président du parti, Mohcine Belabbas, lors d'une conférence de presse animée dimanche dernier à Alger. Selon lui, «l'ENTV, désormais privatisée et vulgairement instrumentalisée au profit d'intérêts particuliers, est définitivement sortie du registre du service public». «Nous avons décidé de ne pas participer au folklore qu'elle est en passe de renouveler à l'occasion de ce scrutin. Nous ne répondrons pas à ses invitations et nous lui interdirons de se présenter à nos activités», ajoute-t-il. La réponse de Toufik Khelladi Interrogé sur cette censure qui ne dit pas son nom de l'opposition dans les chaînes publiques, le directeur général de l'ENTV, Toufik Khelladi, se défend. Selon lui, durant cette campagne, l'entreprise se retrouve dans une situation délicate. «Il y a 60 partis qui participent à cette élection. Nous couvrons tout le monde et nous accordons deux heures quotidiennement aux candidats pour défendre librement leur candidature. Mais par souci d'équité, et avec l'accord de la HIISE, nous avons procédé à une répartition des temps de passage selon le nombre de listes déposées. Le RCD a déposé 11 listes et il ne peut pas bénéficier d'un même temps de passage qu'un autre parti qui en a validé plus que lui», dit-il. Le patron de l'EPTV nie encore l'existence de favoritisme au sein de son entreprise. «Depuis que je suis là, nous nous sommes toujours présentés aux conférences du RCD. Le discours selon lequel nous privilégions des partis au détriment d'autres n'est pas vrai. De plus, j'ai un cahier des charges qui nous impose de diversifier nos programmes, car nous sommes une chaîne généraliste. Il faut éviter la confusion entre les chaînes thématiques et les chaînes généralistes», indique-t-il. Le directeur général de l'ENTV estime également «qu'il faut discuter sereinement du rôle de la Télévision publique à l'occasion du débat sur le nouveau cahier des charges». «Citez-moi une seule chaîne qui donne plus de deux heures par jour à des candidats pour s'exprimer librement. Je refuse la surpolitisation du débat», conclut Toufik Khelladi.