Le président du parti rappelle qu'aucun représentant de sa formation parti n'est passé dans une émission de la télévision publique depuis... 2007. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a dénoncé, hier, la marginalisation de son parti par la télévision publique, devenue, selon lui, un instrument "privatisé" et "vulgairement instrumentalisé au profit d'intérêts particuliers". M. Belabbas, qui a animé, hier matin, une conférence de presse pour donner le coup d'envoi de la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain, a avancé pour preuve de cette attitude de l'ENTV à l'égard de sa formation le fait qu'aucun responsable du parti n'a été invité à participer à une émission depuis la dernière apparition, au lendemain des législatives de 2007. "Nous avons décidé de ne pas participer au folklore qu'elle est en passe de renouveler à l'occasion de ce scrutin. Nous ne répondrons pas à ses invitations et nous lui interdirons de se présenter à nos activités", a lâché le premier responsable du RCD qui relève à l'occasion que "l'ENTV, désormais privatisée et vulgairement instrumentalisée au profit d'intérêts particuliers, est définitivement sortie du registre du service public". "Les seuls moments où ils nous ont cités, c'est pour tirer sur nous", déplore encore le président du RCD qui estime qu'on ne peut prétendre vouloir une participation massive des citoyens à ce scrutin "lorsqu'on ferme les médias publics à tout débat". Ainsi, le parti n'enverra aucun de ses représentants pour participer aux éventuelles émissions qu'aura à organiser la télévision publique à l'occasion de ces élections législatives et fermera les portes devant les équipes qui se déplaceront pour la couverture de ses activités. Le parti fera également l'impasse, d'après M. Belabbas, sur les créneaux octroyés aux candidats dans le cadre de la campagne électorale et diffusés sur les médias publics. Quels sont les supports auxquels recourra le parti pour porter la voix de ses candidats ? "Nous avons les moyens de communiquer avec les citoyens sans la télévision", assure le président du RCD, qui énumère, notamment, les rencontres de proximité, les réseaux sociaux, le site électronique du parti et les meetings. M. Belabbas a, par ailleurs, affirmé que son parti détient aujourd'hui une autre preuve tangible de la fraude électorale à laquelle ont eu recours les autorités lors des législatives de 2012, mais aussi celle qui se prépare avec le scrutin du 4 mai. Cette preuve se trouve, selon le président du RCD, dans le détail des résultats des législatives de 2012 et rendu public récemment par le ministère de l'Intérieur. "Vous trouvez des formations politiques qui, sans atteindre les 4%, sont non seulement exemptes de la collecte de signatures, mais ont été gratifiées de sièges en 2012 ! C'est la première fois depuis l'Indépendance que le ministère de l'Intérieur publie les preuves écrites de la fraude organisée par son administration", jubile presque le premier responsable du RCD qui ne manque pas, cependant, de s'interroger sur ce qui a motivé cette concession du gouvernement. "On ne sait s'il faut interpréter ce coming-out comme un mea-culpa ou un défi cynique assumant l'outrage du viol de la volonté citoyenne", se demande-t-il, en effet. "On ne peut prétendre rassembler les énergies nécessaires pour réunir aussi bien les conditions du redressement national et faire face à la crise financière et à une situation régionale et internationale marquée par l'instabilité et de sérieuses incertitudes en reproduisant un tel mépris à l'endroit de la souveraineté populaire", relève l'orateur qui reconnaît que "ces informations, décisions et les éléments d'analyses peuvent apparaître comme des raisons supplémentaires rendant l'acte de vote caduc". Mais tout ce constat n'a pas empêché le parti de prendre part à ce scrutin dont les conditions de tenue sont critiquées de toutes parts. "L'opportunité offerte au RCD par cette campagne électorale est l'occasion de dire que rien n'est perdu. Notre objectif à travers les élections législatives du 4 mai prochain est double. D'une part, nous voulons montrer au peuple algérien que le dépassement pacifique et démocratique de la crise de légitimité du pouvoir est possible. D'autre part, des solutions aux problèmes des Algériennes et des Algériens sont également possibles", réplique M. Belabbas qui plaide pour le retour à la souveraineté populaire pour résoudre la crise de légitimité des institutions. H. S.