C'est un véritable début de campagne électorale morose à laquelle ont eu droit les habitants de Annaba. Bien qu'ils soient nombreux sur le cours de la Révolution, la plus importante place publique de la wilaya, les citoyens n'affichent aucun intéressement quant aux différents candidats, notamment ceux du FLN. La majorité des affiches FLN sont barrées par des graffitis à l'encre rouge où on peut lire des obscénités à l'encontre des candidats. De mémoire Flniste annabi, jamais une liste de candidats aux législatives du vieux parti n'a été aussi discordante que l'actuelle. En effet, pas moins de trois pôles aux différentes ailes forment cette liste où chacun d'eux a élu son quartier général. A la tête, il y a le ministre du Transport et des Travaux publics, Boudjema Talai, qui se prévaut de son statut national et son origine locale pour donner l'impression de commander tout le monde. Certes, la domination serait plus facile si, en face, on avait des candidats ordinaires et anodins. Ce qui n'est pas le cas puisqu'il s'agit du sulfureux Bahaeddine Tliba, l'homme aux mille et un milliards dont l'outrecuidance lui a poussé à «clasher» publiquement à la télévision le général Toufik, l'ex-patron du DRS, et même «titiller» la patience de Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Bien qu'il soit fragilisé par le départ de Saadani et les multiples tentatives récurrentes de déstabilisation des jeunes supporters du club local Usm Annaba dont il est le président d'honneur, il ne semble pas perdre de sa verve après avoir pu prendre le train de la liste avant son arrivée. Outre sa résistance à la fermeté du ministre, il gère un ancien conflit qui a ressurgi récemment avec le rajout à la liste des candidats, à la dernière minute et à la troisième place, de l'ancien sénateur Mohamed Salah Zitouni, en remplacement de Noureddine Kouadria, enseignant universitaire et ex-maire de la ville chef-lieu. Ce changement a chamboulé tous ses calculs. D'apparence, cette modification donne l'impression de rassembler les différents courants du parti. Mais, une fois rendue publique, le résultat escompté s'est dissipé immédiatement. Cacique, Zitouni était le mouhafedh du FLN du temps de Abdelaziz Belkhadem, mais après l'arrivée de Tliba Bahaeddine au parti, un bras de fer s'était engagé et remporté par ce dernier. Concours de circonstances, les deux belligérants se retrouvent aujourd'hui sur la même liste et l'ancien mouhafedh ne semble pas prêt à enterrer la hache de la guerre. Selon ses fidèles, un sentiment de revanche l'anime toujours puisqu'il a été vulgairement marginalisé des instances du parti. Quant à Tliba qui occupe la deuxième place sur la liste, il ne cache pas son souhait à fumer, avec son ennemi d'hier, le calumet de la paix. Mais le climat de tension demeure perceptible sur les visages des candidats au grand dam de Boudjema Talai qui, en mission de rassembleur, ne pourra jamais remporter la majorité des huit sièges en course. Cette situation va vraisemblablement peser lourd sur les résultats de ce prochain scrutin dont les premiers bénéficiaires sont le RND et les islamistes. A moins que l'Etat intervienne.