«La prise de rendez-vous dans les hôpitaux, notamment publics, pose un grand problème pour les citoyens, cela va de la réception des patients jusqu'à leur prise en charge. Ce qui provoque une anarchie totale dans les hôpitaux et une prise en charge parfois tardive des patients». C'est en ces termes qu'un jeune lycéen, participant à la 2e édition de Sylabs Youth Academy, qui s'est tenue le week-end dernier au Sylabs, décortique la situation de nos hôpitaux. Une prise de conscience dont les moins de vingt ans ont fait preuve lors de ces deux journées d'échange d'idées et de projets, renseigne -contrairement aux idées reçues- sur les adolescents, sur la capacité de réflexion, d'analyse de cette frange de la société, qui s'est montrée proche des préoccupations des gens. Ils s'inscrivent ainsi dans une démarche de «solutions» des problématiques posées, vécues pour en faire un projet d'entreprise. Après avoir exposé sa problématique, le jeune lycéen, smartphone à la main, fait la démonstration, devant ses camarades, de son application dénommée «Dz Care», censée apporter la réponse au problème récurrent de prise de rendez-vous dans les hôpitaux. «Grâce à cette application, finies les files d'attente, les déplacements inutiles et la surcharge des hôpitaux. Désormais à partir de chez vous, vous pouvez prendre rendez-vous, que ce soit pour des soins urgents ou spécifiques en un seul clic sur votre smartphone», lance-t-il fièrement à l'assistance. Et de conclure : «Cette application permettra d'optimiser les capacités de nos hôpitaux et d'améliorer leur management.» Il est vite interrompu par Abdallah Mallek, le manager de Sylabs. En coach expérimenté, Abdallah l'interroge sur la méthodologie utilisée pour arriver à ces conclusions. «Avant de vous lancer dans des projets, il faudrait faire du terrain. Allez dans les hôpitaux, interrogez à la fois les patients et les professionnels de la santé. Une fois ces données récoltées, lancez-vous», conseille-t-il. Pour Abdallah, «tout projet doit être inscrit dans son écosystème et répondre aux besoins réels. L'utilité évidente des projets doit être prise en priorité, ainsi, bien évidemment, que sa portée commerciale». Cyberdépendance Dans cet espace où esprits innovateurs et têtes chercheuses se mêlent et échangent, les idées foisonnent, générant ainsi un climat bon enfant, de créativité et d'innovation. Une sorte de «business game», très répandu ailleurs dans le monde, permet aux étudiants, aux lycéens, voire aux écoliers, de confronter leurs idées, traduites en projet presque concret dans des joutes verbales, où parfois le meilleur orateur l'emporte, même si son projet est jugé moins intéressant que les autres. The «i» est sans doute le projet le plus pertinent qui ait été défendu ce week-end au Sylabs, une équipe composée de quatre jeunes lycéens d'Alger a posé la problématique du temps passé sur son smartphone ou communément appelée la cyberdépendance. Une problématique qui, d'ailleurs, suscite la réflexion, l'inquiétude, à la fois, des parents et des spécialistes, très partagés sur l'usage excessif des moyens de communication technologiques. Entre ceux qui défendent l'usage contrôlé d'internet et les théoriciens de la libre utilisation, abordés par ces jeunes lycéens, le problème prend tout son sens. «Nous passons la plupart de notre temps connectés sur nos smartphones, cela nous détourne de nos études, du temps passé en famille ou avec les amis ou encore du temps consacré au bien-être et au sport. Il s'agit d'un problème évoqué partout dans le monde. La solution est le I. Notre application vous permet de contrôler l'usage de votre téléphone, le temps de connexion, et enfin planifier les tâches et les programmer selon nos besoins avec l'option de mettre hors d'usage notre téléphone pendant un temps défini. Et bien sûr, le renforcement du contrôle parental pour nous protéger», explique le jeune lycéen. Financement Il s'agit là de deux projets parmi tant d'autres qui préoccupent nos jeunes et auxquels ils tentent de répondre concrètement à travers des applications utiles et performantes. Seulement voilà, la mise en place de ces projets dans le cadre de start-up ou petites entreprises et leur financement suscite les interrogations des participants au Sylabs Youth Academy. A ces questions, Abdallah apporte des précisions avant de commencer à lister les possibilités de financement offertes aujourd'hui aux jeunes «startuppers». «C'est à vous de réfléchir d'abord à la portée économique ou commerciale de vos projets. S'agit-il d'un projet fiable et rentable ? Ensuite, certains projets ne nécessitent pas vraiment énormément d'argent. Il serait donc profitable de partager son projet et travailler en groupe pour le concrétiser. Ensuite, pour les projets d'une certaine importance et qui nécessitent des moyens importants, il existe aujourd'hui des moyens de financement participatifs, comme le crowdfunding, ou ce qu'on appelle le sociofinancement. Il existe d'autres formules de financement selon les projets et leur portée. L'essentiel est de se lancer», conseille Abdallah les participants, en les invitant à se rapprocher de Sylabs pour concrétiser leur projet.