Samedi : Ça commence superbement bien : à la veille du coup de starter de la campagne électorale, des militants du RCD déclarent avoir été agressés par la police à Tizi Ouzou alors qu'ils collaient des affiches sur le mur du siège local de leur parti. Le RCD parle même de six militants interpellés pendant quelques heures et de blessés légers. Faudrait rappeler ici que c'est une campagne électorale et qu'il ne s'agit pas de reprendre des rues à Idleb. Juste un rappel. Par ailleurs, Amara Benyounès peut se permettre un meeting 24 heures avant le début de la campagne. A Boumerdès, à l'est d'Alger, le voilà qui sermonne au nom de son parti (le MPA, troisième force politique du pays, selon lui), ses militants sur le boycott. Selon lui, une participation massive à ce rendez-vous électoral est susceptible de «renforcer les institutions de l'Etat et de promouvoir la construction d'une démocratie pacifique, seule apte à garantir la paix et la stabilité et, partant, le développement national». Et partant de l'évolution de l'univers en somme. Dimanche : La campagne électorale, cette parenthèse où des partis vont pouvoir parler quasi-directement aux Algériens sans se faire tabasser ou censurer, a démarré officiellement. Les médias publics s'enthousiasment hystériquement autour de cette formidable leçon de démocratie que l'Algérie prodigue au monde entier ; les médias privés prennent partie, parfois, pour tel ou tel courant, comme si l'on assistait à une campagne électorale, matin même de ce dimanche historique. Plusieurs meetings sont programmés, on évite les salles par peur de l'humiliation des chaises vides : on appelle la nouvelle mode, la campagne de proximité. Pas trop près s'il vous plaît ! Lundi : Le FFS est en campagne. Le FFS est en colère. A partir de Ghardaïa, d'où le parti a décidé de lancer sa campagne, son premier secrétaire, Abdelmalek Bouchafa, s'insurge : «Nous avons pris la décision de lancer notre campagne électorale à partir de Ghardaïa en signe de soutien à nos cadres et militants de Ghardaïa et pour dénoncer les manœuvres du pouvoir qui les a empêchés, par des décisions judiciaires injustes et infondées, de se présenter à ces élections législatives.» Ambiance. De leur côté, les partisans du boycott ont entamé une campagne de sensibilisation à travers plusieurs villes du pays. Pour le moment, il semble que les autorités laissent tranquilles Soufiane Djilali, Karim Tabbou ou les adhérents du parti de Benflis. Espérons que tous les avis seront respectés. C'est cela la démocratie, pas seulement les affiches ! Mardi : Justement, revenons un peu sur le scandale des affiches électorales. On ne parlera pas, pour ne pas heurter les uns et les autres, sur le caractère kitch ou préhistorique de certaines compositions graphiques. «Tous les dégoûts sont dans la nature», comme dit le colonel Amanullah. Mais ce sont ces portraits anonymes de candidates sur plusieurs affiches qui interpellent. Est-ce légal ? Pourquoi les autorités ne disent rien contre cette pratique qui touche plusieurs partis ? Silence radio. Ma s'ma3nach sot'hom ! Et que dire de ce candidat qui se prend en photo devant la tombe d'un chahid ? Tout simplement honteux. Mercredi : Souvent, la vérité jaillit comme ça. On ne peut pas la cacher derrière mille discours dans des meetings ennuyeux. A TSA, Abdelmadjid Menassra, jumeau de Makri dans cette alliance islamiste, déclare : «Le gouvernement prochain doit absorber le maximum de forces politiques pour assurer le passage en cette période difficile pour la sauvegarde de l'Etat et pour la rationalisation des dépenses.» Comme Makri, et comme, sans le dire publiquement, nos autres participants des partis de l'opposition, l'horizon de travail est très clair : glaner des ministères et se positionner du bon côté au moment du basculement vers l'après-Bouteflika. Il suffisait de le dire ouvertement au lieu de perdre tout ce temps et cette salive électorale. Jeudi : Le FLN fait le grand écart : entre l'apparatchik Djamel Ould Abbès et la nouvelle tête Sid Ahmed Ferroukhi qu'on nous vend si bien. Mec sympa, populaire et compétent qui, dans El Watan, balance des vérités (si l'on peut dire) assez révélatrices du climat politique. A la question : «Savez-vous pourquoi vous avez été choisi pour mener la campagne FLN à Alger ?», le tête de liste FLN à Alger répond tout simplement : «Comment voulez-vous que je le sache ?» Cela renseigne sur les pratiques du vieux parti. Mais surtout, Ferroukhi nous apprend que nous vivons dans une période de transition. «Oui, le Président l'a annoncé. Elle est voulue, anticipée et je dirai même mécanique.» Il parle peut-être d'une transition économique, mais cela peut signifier aussi une transition politique. Générationnelle ? Il ne faut pas trop exagérer non plus !