Cette attitude, assez peu démocratique, faut-il le souligner, est adossée à un discours paranoïaque lorsqu'il s'agit d'évoquer les questions d'intérêt national. Le président du MSP, Abderrazak Makri, ne va pas par quatre chemins lorsqu'il s'adresse aux jeunes. Il a choisi l'un des points chauds de la protestation sociale au sud du pays, Laghouat, pour appeler les jeunes, à l'occasion d'un meeting devant des militants du MSP de Tiaret, Djelfa, El-Bayadh, Laghouat, Ghardaïa et de Ouargla, à «assumer leurs responsabilités et à revendiquer leurs droits». L'opposant n'a donc pas eu des propos apaisants, didactiques ou pédagogiques, il a choisi le langage de la «révolte» pour amener les jeunes à «assumer leur responsabilité» et à croire Makri, la principale responsabilité de la jeunesse, n'est pas de chercher le savoir ou construire des projets pérennes, mais de revendiquer leurs droits. Dire cela aux jeunes, c'est, il faut bien le souligner, manquer de responsabilité politique. Abderrazak Makri a indiqué que «l'Algérie est en quête de jeunes de pensée et de culture, à l'instar de ceux ayant déclenché la glorieuse guerre de Libération nationale, à même de préserver et de développer le pays». Le parallèle peut être admis, sauf que le ton du président du MSP qui n'hésitera pas à charger le pouvoir de tous les maux suggère quelque chose d'assez dangereux pour la stabilité du pays. Ses partisans et ses alliés dans la Coordination nationale des libertés et la transition démocratique nuance cette violence du seul faitt qu'elle soit verbale, mais le fait est là. Le discours de Abderrazak Makri est très proche de celui des islamistes égyptiens, dont il revendique l'appartenance au même courant des Frères musulmans. Aussi, lorsqu'il évoque son cadre d'activité, à savoir la Cnltd et annonce un objectif de «transition démocratique» qu'il veut sans l'association du pouvoir, en affirmant que «le MSP n'est pas concerné par la Constitution». Il dira à ce propos que «la réforme constitutionnelle est incluse dans le projet de transition démocratique». Un projet qu'il veut imposer à toute la classe politique. Dans le même temps, il dénie au FFS de proposer sa conférence nationale du consensus, appelle unilatéralement à un dialogue avec le pouvoir et refuse de prendre part aux consultations initiées par le président de la République, dans le cadre de la réforme constitutionnelle préconisé par le chef de l'Etat. Cette attitude, assez peu démocratique, faut-il le souligner, est adossée à un discours paranoïaque lorsqu'il s'agit d'évoquer les questions d'intérêt national. A ce propos, justement, Abderrazak Makri croit dur comme fer que toutes les actions et décisions du gouvernement sont spécifiquement destinées à jeter le doute au sein de la Cnltd. Il a estimé avant-hier que la loi sur les violences faites aux femmes et la circulaire du ministère du Commerce portant suppression d'autorisation pour la vente d'alcool ne sont que des tentatives du pouvoir pour créer un malaise au sein de la coordination. Il y a lieu de rappeler, à ce propos, que lui-même a pris part à la féroce campagne islamiste contre ces deux projets qui ont été, faut-il le rappeler, soutenus par les partis républicains de la Cnltd. Le RCD est allé jusqu'à considérer que la loi proposée par Tayeb Louh était en deçà des aspirations de la femme algérienne. Les deux épisodes qui ont montré les lignes de fracture au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique semble avoir laissé de vraies séquelles, qui amènent les uns et les autres à se poser des questions quant à l'utilité de la Cnltd, dont les membres auraient pu s'étriper, n'était-ce la conjoncture qui les pousse à se supporter. D'ailleurs, les propos «haineux» proférés par les islamistes lors de leurs campagnes ont blessé beaucoup de démocrates et donné la nette impression qu'ils ne servent que de «cautions» démocratiques aux islamistes, le temps que ces derniers prennent le pouvoir. Après les «insultes» lancées contre les laïcs, ces derniers demandent des comptes à leurs responsables au sein de la Cnltd. De concession en concession, la base démocratique perd son âme dans cette coordination. Les propos de Makri en accusant le pouvoir consistent à donner le change à ses alliés conjoncturels. Mais si au sommet de certaines formations membres de la Cnltd, on accepte les «tournures de phrases» de Makri, à la base par contre, les militants sont furieux. De là à annoncer bientôt l'implosion de la Cnltd, il n'y a qu'un pas que beaucoup d'observateurs n'hésitent pas à franchir.