Alger est-elle en passe de devenir une cité où seule l'espèce florale, en l'occurrence le palmier Washingtonia a ce «privilège» d'avoir pignon sur rue ? Sur l'axe autoroutier Dar El Beïda-Zéralda, des milliers d'individus, acquis à coups de milliards, ont fini par rendre l'âme. Depuis leur mise en terre, il y a cinq ans, leurs «plumeaux» dépérissent à vue d'œil, «altérés dans leur croissance, à cause de l'inobservation des conditions de protection des palmiers durant le trajet» depuis la région oasienne, «ce qui a fait que la plupart n'ont pas résisté dans leur nouveau milieu (v/ El Watan du 05/2/2017), selon les spécialistes du patrimoine arboré. A croire que les gestionnaires de la cité tiennent mordicus à pavoiser nos routes de palmiers seulement, pour égaler la côte majestueuse de Miami Beach, ou la Croisette de Cannes ! Mais pourquoi s'entêter à planter cette palmacée rustique que nos «paysagistes» ne maîtrisent pas, alors qu'il aurait été plus judicieux d'étoffer le macadam d'autres espèces plus sûres de durer dans le temps et dans l'espace ? S'il est vrai que la liste des espèces d'arbres en bordure de route de campagne est exhaustive, il est des variétés d'arbres d'ornementation dans nos villes qui participent depuis plus d'un siècle au cadre de vie. Et ils tiennent toujours le coup, résistant aux conditions climatiques. Il s'agit du platane et du ficus, deux espèces qui rehaussent le tissu urbain et suburbain d'une bonne partie de notre géographie. Pratiquement, ces spécimens, qui répandent leur ombrage, sont le blason générique de tous les villages et bourgs de la Mitidja, Béjaïa, Jijel... Ils sont également l'icône des avenues et boulevards de la ville d'Ibn Mezghenna, en sus du belombra, dont l'ombre bienfaisante caresse certaines côtes littorales. Mais nos décideurs ne jugent pas utile (sont-ils à court d'inspiration ?) de l'introduire sur d'autres tronçons ou des espaces publics à même de les enjoliver. On s'entiche du palmier en ville. On s'obstine à planter encore et encore ce spécimen, ces derniers jours, sous la latitude d'Alger (les voûtes face à la poissonnerie), comme si aucune autre espèce n'a la capacité de pousser ou de composer avec le décor voisinant. Il y a lieu de s'interroger si on cherche à mettre en valeur la rusticité d'un arbre dans une ville ou à répondre à un ordre somme toute abusif en plantant une chiée d'individus, pas du tout pratiques, à l'image des palmiers phœnix plantés à Bab El Oued, qui ont fini par clampser le long de la rue Ali Berrezouane, avant d'être déterrés... Sur un autre volet, l'Edeval, chargé du boisement et de la taille d'arbres de la voirie, des places et placettes publiques, entre autres, a-t-elle désappris à entretenir la végétation urbaine ? Hormis les circuits dits officiels que l'Epic ‘‘chouchoute'', nombre d'allées d'arbres de voirie sont délaissées. Aussitôt mis en terre, les jeunes plants sont abandonnés à leur triste sort par l'Epic : ni binage ni arrosage pendant leur période de croissance végétative, sans parler du défaut d'élagage et des troncs sans ramée, rabougris ou dont le pied est asphyxié par le bitume. Témoin les platanes souffreteux de la rue Omar Lounes.