L'avocat Salah Dabouz entame sa marche pour la libération des détenus d'opinion, dont Kamel Eddine Fekhar. Annoncée il y a quelques jours, l'action devant le mener d'Alger vers la prison de Laghouat, où est emprisonné le leader pour l'autonomie du M'zab, ne s'est pas déroulée sans l'intervention de la police. En effet, des policiers, en civil, ont tenté de faire avorter cette marche. Deux jeunes, en l'occurrence Meziane Abane (journaliste) et Bougrinat Mohamed, voulant accompagner l'avocat ont été arrêtés. «C'est un enlèvement ! On a pu marcher ensemble sur 5 à 6 km. Mais des agents en civil, venant à bord d'un véhicule banalisé, sont intervenus pour les embarquer», affirme l'avocat contacté par nos soins. Salah Dabouz dénonce cette pratique illégale et réaffirme sa volonté de poursuivre sa marche entamée de la prison d'El Harrach à Alger. «De quel droit arrête-t-on des personnes qui ont décidé de marcher ? C'est une manière de nous intimider. Mais je ne cède pas. Je suis déterminé à continuer ma marche», assure l'avocat qui avait gagné Gué de Constantine quand nous l'avons contacté. A travers cette action, l'avocat veut attirer encore l'attention sur les injustices dont souffrent plusieurs détenus de Ghardaïa, à leur tête Kamel Eddine Fekhar qui a entamé, depuis 104 jours, une grève de la faim. Ces derniers jours, les appels à leur libération se multiplient. Vendredi dernier, un groupe de militants et de citoyens, réunis au siège du MDS à Alger, décident de mener d'autres actions à cet effet. Ils annoncent, dans un communiqué, la création d'un comité national pour la libération des détenus politiques et d'opinion. En outre, ils annoncent une grève de la faim qui débutera, aujourd'hui à 18h, pour exiger, en sus de la libération de Kamel Eddine Fekhar, l'installation d'une commission d'enquête indépendante et crédible sur les événements de Ghardaïa, la constitution d'un comité de médecins indépendants pour examiner les détenus dans les prisons de Ghardaïa et d'El Ménéa. «Le comité lance un appel à toutes les Algériennes et tous Algériens pour exprimer leur solidarité agissante», ajoute-t-on dans le même communiqué. Arrêté en 2015, alors qu'il était dans une mosquée, Kamel Eddine Fekhar est, rappelons-le, en détention depuis 18 mois. Son arrestation est intervenue au lendemain des événements tragiques qui ont coûté la vie à 24 jeunes Mozabites. Toujours pas jugé, l'homme fait l'objet de 18 chefs d'inculpation, dont «atteinte à la sûreté de l'Etat». Selon son avocat, «cette affaire est politique» et le pouvoir cherche un «bouc émissaire» pour lui faire endosser la responsabilité de la situation dans cette wilaya secouée, pendant plusieurs années, par des heurts cycliques opposant de jeunes Mozabites à des Chaâmba.